Une « trahison ». C’est ainsi que Lionel Jeanjeau, secrétaire d’une des principales sections du Parti socialiste (PS) de la 3e circonscription d’Indre-et-Loire a qualifié, lundi 22 mai, la décision de Marisol Touraine de supprimer toute référence à la formation de gauche dans son matériel de campagne pour les élections législatives. L’ancienne ministre de la santé a pourtant été investie par le parti, mais c’est en tant que « candidate de la majorité présidentielle avec Emmanuel Macron » qu’elle se présente devant les électeurs.

Une situation directement issue du fait que Mme Touraine compte parmi les personnalités à l’égard desquelles La République en marche assume des « gestes politiques » après sa décision de ne pas leur opposer de candidat. Furieux de l’affichage choisi par l’ancienne ministre, une cinquantaine de militants et responsables socialistes de sa circonscription tourangelle ont appelé leurs électeurs à se détourner d’elle et à « porter leurs votes dès le 11 juin sur les candidats fidèles aux valeurs de la gauche et de l’écologie ».

Un (tout petit) logo PS

Mme Touraine n’est pas la seule ministre investie par le Parti socialiste, dépourvue d’adversaire LRM, à afficher son ambition de soutenir Emmanuel Macron et à s’affranchir de l’étiquette de leur parti d’origine.

A La Réunion, Ericka Bareigts, ancienne ministre des outre-mer, se présente sans aucune mention du Parti socialiste qui l’a pourtant investie, d’après des photos diffusées sur sa page Facebook.

Dans la 18e circonscription de Paris, Myriam El Khomri, qui vient de quitter le ministère du travail, se présente devant les électeurs « avec Emmanuel Macron, pour une majorité de progrès », tout en portant en bas de son affiche, entre autres (et en tout petit), le logo du Parti socialiste.

Pour d’autres ex-ministres candidats, la mention du PS se fait plus ou moins discrète. Dans le Finistère, Jean-Jacques Urvoas, qui vient de quitter la fonction de garde des sceaux, fait campagne avec un tout petit logo du parti en bas à gauche de son affiche mais se présente avec un slogan où il se dit « solide pour rassembler ». Reste à savoir s’il s’agit d’un rassemblement à gauche ou en direction de la majorité présidentielle.

Ceux qui assument

Stéphane Le Foll, ancien ministre et l’agriculture et porte-parole du gouvernement socialiste, qui n’a pas d’adversaire LRM contrairement à M. Urvoas, assume sa filiation socialiste, dans la 4e circonscription de la Sarthe, fief de François Fillon.

De même, pour George Pau-Langevin, ministre des outre-mer jusqu’en août 2016, à qui LRM n’a pas non plus opposé de candidat.

Parmi les autres candidats PS qui se voient sans adversaires La République en marche, on notera également que François Pupponi, maire de Sarcelles, un temps investi par LRM avant qu’il ne décline la proposition, fait campagne sans ambiguïté sous l’étiquette PS.

Ce n’est pas le cas de deux autres candidats investis par le PS mais qui soutiennent Emmanuel Macron. Dans la 6e circonscription de Meurthe-et-Moselle, Julien Vaillant, qui avait appelé à voter pour le futur chef de l’Etat dès le premier tour de la présidentielle, se présente en « candidat de la gauche et du rassemblement » sur son site Internet. En Ille-et-Vilaine, François André, député PS sortant également soutien de M. Macron est lui plus laconique et se présente uniquement avec l’étiquette « majorité présidentielle ».