Sécuriser le financement des retraites grâce à un patrimoine immobilier locatif. L’idée avait été suggérée, dès 2002, par Jean-Louis Borloo, alors ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine du premier gouvernement Raffarin. Quinze ans plus tard, elle vient de se concrétiser. Action Logement (ex-1 % logement) a annoncé, mardi 23 mai, la cession gratuite, par l’intermédiaire de la Foncière logement, aux caisses de retraite complémentaire Agirc-Arrco de 30 212 appartements dans 1 200 immeubles. Les loyers perçus permettront à terme de financer les retraites des cadres et des salariés du privé. Par ailleurs, grâce à ce patrimoine, d’une valeur globale de 6,2 milliards d’euros, ces deux caisses pourront emprunter de l’argent.

« Un patrimoine d’une valeur de 6,2 milliards d’euros qui ne peut que s’apprécier au fil du temps », s’enthousiasme Jacques Chanut, qui préside, au nom du Medef, l’organisme paritaire Action Logement. « Mais, regrette-t-il, si l’Etat n’avait pas, en 2009 [sous la présidence de Nicolas Sarkozy], ponctionné les caisses d’Action Logement, ce parc aurait été plus important encore. »

230 millions d’euros de loyers escomptés

Le cadeau est cependant à effet différé. Selon l’accord conclu le 27 avril, seule la nue-propriété des 1 200 immeubles est cédée aujourd’hui. Les organismes de retraite ne deviendront pleinement propriétaires qu’entre 2020 et 2040, au terme des différents prêts ayant financé la construction. Ils pourront, alors, percevoir les 230 millions d’euros (valeur 2017, beaucoup plus dans quelques années, comme le montrent les premières expertises) de loyers escomptés. Mais, d’ici là, c’est Action Logement qui les collecte, rembourse les prêts, entretient les bâtiments et poursuit sa politique d’investissements.

Action Logement est, elle, décidée à poursuivre son engagement en faveur des caisses de retraite : « Il nous faut doubler notre parc de logement intermédiaire, avec 100 000 unités en cinq ans, en particulier dans les zones tendues comme l’Ile-de-France et, pour financer la construction, en vendre 50 000 à leurs occupants », détaille M Chanut qui, à l’occasion de cette annonce, a dressé le bilan 2016 de la caution Visale, destinée aux jeunes de moins de 30 ans à la recherche d’un garant pour louer leur logement. Il est modeste, avec 8 000 cautions délivrées, alors qu’on en attendait 80 000 : « Le dispositif monte en puissance », se console-t-il.