Près de Heide, en Allemagne, en 2010. | Christian Charisius / REUTERS

C’est un palier symbolique. En 2016, le secteur des énergies vertes représentait à l’échelle mondiale, toutes filières confondues, près de 10 millions d’emplois : précisément 9,8 millions, selon le rapport publié mercredi 24 mai par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).

Comparée au niveau de 2015, la progression est d’à peine 1 %, un tassement de l’activité ayant été constaté dans le domaine de l’hydroélectricité et des bioénergies. Mais, par rapport à 2012, l’année où l’Irena a entrepris d’effectuer ce décompte, l’augmentation est de près de 40 %. « La baisse des coûts et les politiques mises en place ont continûment poussé à la hausse l’investissement et l’emploi dans les énergies renouvelables », commente l’agence. Elle estime que d’ici à 2030, ce secteur pourrait totaliser 24 millions d’emplois, faisant ainsi « plus que compenser les postes perdus dans les énergies fossiles » et devenant « un moteur économique majeur dans le monde ».

Le solaire photovoltaïque en pointe. | Irena

Le solaire photovoltaïque est de loin le plus gros pourvoyeur d’emplois : à lui seul, il compte pour près d’un tiers du total (3,1 millions) et, en cinq ans, son poids a plus que doublé (+127 %). Suivent, loin derrière, les biocarburants (1,7 million), les grands barrages hydrauliques (1,5 million) et l’éolien (1,1 million).

Sur le planisphère, ce potentiel est toutefois très inégalement réparti. En laissant de côté les grands barrages pour lesquels les chiffres sont moins fiables – ce qui ramène le nombre global d’emplois à 8,3 millions –, l’Asie concentre plus de 60 % des forces vives. Au sein de cet ensemble, la Chine confirme sa place de géant (44 % du total mondial), principalement dans le solaire photovoltaïque. En comparaison, l’Inde fait encore figure de nain (4,6 %). Trois autres pays ou blocs de pays ont eux aussi un poids significatif : l’Union européenne (14 % du total), le Brésil (10,5 %) et les Etats-Unis (9,3 %).

La Chine, géant incontesté des renouvelables (chiffres hors grands barrages, données de 2015 pour l’Union européenne). | Irena

Au sein du Vieux Continent, où les derniers chiffres complets remontent à 2015, l’Allemagne reste le poids lourd (334 000 emplois, soit près de 30 % du total européen), mais son industrie marque le pas dans le domaine des renouvelables, en raison d’un repli de son marché intérieur, notamment dans l’éolien terrestre, que ses exportations ne suffisent pas à compenser. La France conserve son deuxième rang (162 000 emplois), devant le Royaume-Uni (110 000).

Bien que sous-représentée, l’Afrique, qui n’apparaissait même pas dans les recensements précédents, y figure désormais, essentiellement grâce à l’Afrique du Sud, qui totalise la moitié des 61 000 emplois du continent dans ce secteur, et aux pays du Maghreb, qui en détiennent le quart. Sur une grande partie de ce territoire, estime l’Irena, ce sont les systèmes électriques décentralisés, comme les équipements photovoltaïques hors réseau ou les mini-réseaux, qui peuvent fournir « accès à l’énergie et développement économique ».