A Taormine, le 22 mai. | GIOVANNI ISOLINO / AFP

L’arrivée de Donald Trump à Bruxelles, mardi 24 mai, pour la « réunion spéciale » prévue le lendemain au siège de l’OTAN, est entourée d’un dispositif de sécurité exceptionnel. Elle a lieu quelques heures après la visite, également sous haute surveillance, du président américain au Vatican, et avant le sommet du G7 à Taormine, en Sicile, vendredi et samedi. L’attentat de Manchester a évidemment renforcé l’inquiétude des services avant ces rencontres diplomatiques de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement.

La Belgique devrait toutefois maintenir au troisième échelon – sur quatre possibles – le niveau de la menace terroriste. Cela signifie que le risque reste élevé mais que les autorités ne disposent d’aucune indication précise quant à l’éventuelle préparation d’un attentat. Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge, chargé de la coordination pour la visite du président américain et de ses 28 homologues participant au « mini-sommet » de l’OTAN, a mobilisé quelque 3 000 policiers, locaux et fédéraux, appuyés par une centaine de leurs collègues luxembourgeois et d’une équipe néerlandaise chargée de superviser l’espace aérien.

Manifestations attendues

Le séjour de Donald Trump s’apparente à un casse-tête pour les services de sécurité belges, en raison notamment des déplacements du président dans la capitale, cette ville qu’il avait qualifiée, après les attentats de mars 2016, de « trou à rats » – et où il n’a toujours pas désigné d’ambassadeur après avoir rappelé la diplomate nommée par son prédécesseur. Mercredi soir, il devait se rendre au palais royal ; jeudi, des rencontres sont prévues avec le premier ministre, Charles Michel, et les responsables des institutions européennes, avant un déjeuner avec Emmanuel Macron « en ville, durant un long moment », disent les autorités, sans plus de précisions à ce stade. Il effectuera ensuite d’autres visites, puis se rendra à l’OTAN en fin d’après-midi.

Il y assistera à la remise symbolique par la Belgique du nouveau bâtiment qui abritera l’Alliance atlantique et participera à une réunion de travail et à un bref dîner. Les chefs d’Etat ont été instamment priés de limiter leur temps de parole « pour permettre à chacun de s’exprimer ». Le président passera la nuit à la résidence de l’ambassade américaine.

La police redoute, en tout cas, les manifestations qui devraient entourer la réunion à l’OTAN. Plusieurs organisations entendent défiler avec le slogan « Trump not welcome ». Près de 10 000 personnes ont annoncé leur participation sur les réseaux sociaux, dont certaines décrites comme « à risque » viendront de France, d’Allemagne et des Pays-Bas.

Réservations d’hôtels annulées

En comparaison de Bruxelles, le site touristique de Taormine, en Sicile, qui accueillera le sommet du G7 les 26 et 27 mai, paraît nettement plus facile à sécuriser. Desservi par une seule route et un funiculaire, le centre historique de la ville, qui compte en hiver moins de 5 000 habitants, est en état de siège depuis lundi, avec le déploiement de plus de 8 000 militaires. De nombreux hôtels situés dans la « zone rouge » ont été priés, voilà plusieurs semaines, d’annuler leurs réservations, tandis qu’étaient installés à l’entrée du site des détecteurs de métaux. « Ce mardi matin, les personnes qui travaillent dans le centre avaient trente à quarante minutes d’attente avant d’entrer », soupire Rodolfo Barbera, un militant de gauche local opposé à la tenue du sommet.

L’étroitesse du site a par ailleurs posé des problèmes insolites aux services de sécurité américains, la voiture blindée de Donald Trump étant tout simplement trop large pour les ruelles de Taormine. Le président américain dormira donc en mer, à bord d’un navire de l’US Navy, et sera acheminé sur le site par hélicoptère : des soldats du génie italien ont construit à la hâte un héliport en contrebas de la vieille ville, aux premiers jours du mois de mai.