Le président des Etats-Unis, Donald Trump, accompagné du président du conseil européen, Donald Tusk et du président de la commision européenne, Jean-Claude Juncker. | Olivier Matthys / AP

Le président américain Donald Trump sera finalement resté un peu plus longtemps que prévu, jeudi 25 mai au matin, pour sa première visite officielle aux institutions de l’Union européenne. Trois quarts d’heure de « tête à tête » avec Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne et avec « l’autre Donald », comme on l’appelle à Bruxelles, Donald Tusk, le président du Conseil européen. Puis une demi-heure en « réunion élargie » avec la haute représentante aux affaires extérieures de l’UE, Federica Mogherini et le président du parlement européen Antonio Tajani.

Le but de la visite était de normaliser des relations entre l’UE et les Etats-Unis qui avaient commencé sous de mauvais augures. Le 45e président des Etats-Unis avait beaucoup choqué quand, encore candidat, puis tout juste élu, il avait jugé l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord « obsolète », dénoncé « l’Europe allemande », et qualifié Bruxelles de « trou à rat ». Les Européens espéraient, à tout le moins, qu’il répéterait les propos de son vice-président Mike Pence, venu dès février dernier à Bruxelles pour les rassurer sur la permanence de la coopération avec l’UE et l’OTAN.

A en croire un porte-parole de la commission, la conversation a été « bonne, amicale », « c’était une première occasion de mieux se connaître. Le président Juncker a insisté sur l’intensification des relations commerciales qui représentent une situation gagnant-gagnant pour tout le monde ». Il s’est par ailleurs félicité qu’ait été décidée la création d’un « plan d’action » commun sur le libre-échange. Il s’agira de réfléchir ensemble « avec des pays tiers au sujet des pratiques commerciales d’anti-dumping » glissait par ailleurs une source européenne.

Des divergences, mais pas de dérapages

La commission fantasme toujours sur la possibilité de réactiver les discussions autour du TTIP, l’accord commercial avec les Etats-Unis, qui semblait voué à l’échec après les propos clairement protectionnistes du président Trump. Mais les hésitations du président américain, qui n’a toujours pas mis à exécution ses menaces de taxer les importations de produits mexicains et canadiens aux Etats-Unis, ont redonné de l’espoir à Bruxelles.

Si M. Trump et les Européens se sont retrouvés sur la même longueur d’onde concernant l’Ukraine et les sanctions à l’égard de Moscou, « je ne suis pas sûr à 100 % que nous ayons une position commune concernant la Russie » a déclaré M. Tusk, ex-premier ministre polonais, à l’issue de l’entretien. Lui et M. Juncker n’ont par ailleurs obtenu aucune garantie du président américain concernant l’accord climatique de Paris que ce dernier menace depuis plusieurs semaines de ne pas appliquer.

« Mon message au président Trump c’est que notre relation doit se baser sur les valeurs de respect des droits de l’homme, de la dignité humaine et de liberté qui sont celles de l’ouest, et non seulement sur les intérêts » a par ailleurs déclaré M. Tusk. Une petite satisfaction quand même pour les dirigeants bruxellois ? « Les Américains ont exprimé leur souci que le Brexit pourrait conduire à des destructions d’emploi aux Etats-Unis » glissait un diplomate européen, jeudi. M. Trump s’était bruyamment réjouit du Brexit juste avant sa prise de poste…

Si les sujets de divergence demeurent, les Européens estimaient jeudi que la visite de M. Trump a quand même en parti remplit son office. Le président des Etats-Unis, qui semblait ignorer jusqu’à l’existence de l’Union européenne, « un système trop compliqué » lui a concédé Tusk, à la fin de leur tête à tête, n’a pas dérapé, ni tenu de propos choquants. Il faut dire que la rencontre avait été totalement calibrée, sans aucun point presse pour éviter tout risque de dérapage de la part d’un président américain réputé pour son imprévisibilité et son caractère impulsif.