Sélection officielle – en compétition

Pour Sergei Loznitsa, l’incapacité de la Russie à analyser et assumer la nature criminelle de son passé soviétique diffuse un poison mortel. Il avançait cette thèse avec beaucoup de finesse et de conviction dès son premier film de fiction, Mon bonheur (My Joy, 2010). La conviction du cinéaste ukrainien est toujours là, la finesse a disparu.

Beaucoup de brutalité

Une femme douce suit l’itinéraire d’une héroïne anonyme au regard buté, partie à la recherche de son mari, prisonnier, après qu’un paquet qui lui était destiné lui a été retourné. Elle croise des braillards chauvins, des mafieux, des policiers corrompus, des femmes abîmées par l’alcool et les hommes. Lasse, elle finit par s’endormir et son rêve énonce une bonne fois pour toutes le credo de Loznitsa : la Russie est devenue une prison, dont les citoyens-détenus garantissent l’étanchéité.

C’est dit avec une grande intelligence formelle, mais aussi beaucoup de brutalité. Au point qu’on finit par se demander si Loznitsa se soucie du sort des gens qu’il prétend représenter à l’écran.

Une femme douce - Bande annonce - ARTE

Film letton et français de Sergei Loznitsa avec Vasilina Makovtseva, Marina Klescheva, Valeriu Andriuta, Sergeï Kolesov (2 h 23). Sortie en salles le 16 août. Sur le Web : www.hautetcourt.com/film/fiche/312/une-femme-douce