Jared Kushner est l’un des proches de Donald Trump. | BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Jared Kushner et son épouse Ivanka ont quitté, jeudi 25 mai, le cortège présidentiel pour la dernière étape du voyage au Moyen-Orient et en Europe de Donald Trump, le sommet du G7 en Sicile. Au même moment, le nom du gendre du président faisait la « une » de la presse américaine. M. Kushner, ou plutôt les contacts qu’il a pu entretenir avec des responsables russes avant et après l’arrivée de son beau-père à la Maison Blanche, le 20 janvier intéresseraient la police fédérale (FBI), selon le Washington Post et la chaîne NBC.

Le FBI enquête sur de possibles collusions entre des membres de l’équipe de campagne de M. Trump et les responsables des piratages informatiques visant le camp démocrate pendant la présidentielle, que le renseignement américain a attribué à la Russie.

Cette investigation a été confiée il y a une semaine à un procureur spécial, l’ancien directeur du FBI Robert Mueller, compte tenu des tensions qu’elle a suscitées, notamment celles créées par le limogeage brutal du patron du FBI, James Comey.

Contexte particulier des piratages informatiques

Présent pendant toute la campagne, M. Kushner a été membre de l’équipe de transition de M. Trump avant de devenir officiellement l’un de ses plus proches conseillers à la Maison Blanche. Au cours des derniers mois, il a rencontré l’ambassadeur de Russie à Washington, Sergeï Kislyak, ainsi que le responsable d’une banque liée aux autorités russes, Sergeï Gorkov. Des contacts entre l’équipe de transition d’un président élu et des pays étrangers sont monnaie courante, mais le contexte particulier des piratages informatiques alimente les interrogations du FBI.

L’avocat de M. Kushner, Jamie Gorelick, a fait savoir, jeudi, dans un bref communiqué que son client « s’était déjà volontairement proposé de partager avec le Congrès ce qu’il sait de ces rencontres. Il en fera de même pour toute autre enquête. »

Quelques semaines avant son limogeage, le 20 mars, M. Comey avait confirmé au cours d’une audition au Sénat que le FBI enquêtait sur d’éventuelles collusions. Les soupçons se sont portés initialement sur des proches de M. Trump ayant entretenu des relations avec la Russie. Tout d’abord sur l’ancien général Michael Flynn, le premier conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, qui a été contraint à la démission le 13 février pour avoir menti au vice-président Mike Pence sur le contenu d’une conversation téléphonique avec l’ambassadeur russe.

Un rôle central auprès du président

Lundi, M. Flynn a invoqué son droit au silence en refusant de communiquer à la commission du renseignement du Sénat des documents sur ses liens avec la Russie. Selon son avocat, « le contexte dans lequel la commission [lui] a demandé (…) de témoigner et de remettre des documents fait qu’il a clairement plus qu’une appréhension raisonnable que tout témoignage qu’il puisse fournir pourrait être utilisé contre lui ».

Le deuxième directeur de campagne de M. Trump, Paul Manafort, aux commandes de juin à août 2016, est également visé. Il a longtemps travaillé pour l’ancien président pro-russe d’Ukraine, Viktor Ianoukovitch.

La Maison Blanche n’a cessé de prendre ses distances avec ces deux anciens responsables, dont l’importance dans la campagne a été officiellement révisée à la baisse. Une tactique qui ne saurait être appliquée à M. Kushner dont le rôle est central aux côtés du président, comme le premier voyage à l’étranger de ce dernier l’a d’ailleurs confirmé.

« Il n’y a toujours aucune preuve »

Le 23 mai, au cours d’une audition devant la Chambre des représentants du Congrès, l’ancien directeur de la CIA, John Brennan, qui a quitté ses fonctions avant le changement d’administration, a assuré avoir eu connaissance d’« informations et de renseignements qui révélaient des contacts et des interactions entre des responsables russes et des personnes américaines impliquées dans l’équipe de campagne de Trump ». « Cela m’a préoccupé car on connaît les tentatives russes pour s’acheter de tels individus », a-t-il ajouté, sans pour autant accréditer la thèse d’une complicité.

La Maison Blanche s’est d’ailleurs félicitée dans un communiqué du témoignage de M. Brennan. « Il n’y a toujours aucune preuve » de collusion, a-t-elle noté.

Les informations publiées jeudi devraient conforter l’exécutif dans sa conviction d’une enquête conduite à charge, alimentée par d’incessantes « fuites ». Avant de quitter Washington, le 19 mai, M. Trump avait d’ailleurs dénoncé une « chasse aux sorcières » dont il serait la cible, et qui pèse de plus en plus sur son administration.