Pour la Journée mondiale de la liberté de la presse, le quotidien turc d’opposition « Sözcü » a publié une édition quasi vide, samedi 20 mai 2017. | BURHAN OZBILICI / AP

Plus de dix mois après le coup d’Etat manqué en Turquie, les arrestations se poursuivent. Deux journalistes du quotidien turc d’opposition Sözcü ont ainsi été écroués pour leurs liens présumés avec la mouvance güléniste accusée d’avoir mené le putsch manqué du 15 juillet, ont rapporté vendredi 26 mai l’agence de presse progouvernementale Anatolie et Sözcü.

Les journalistes sont mis en cause en raison d’un article publié le jour du putsch manqué dans lequel était donnée l’adresse exacte du lieu où séjournait le président, Recep Tayyip Erdogan, qui était alors en vacances sur la côte Egée, explique Anadolu. M. Erdogan affirme avoir échappé de peu cette nuit-là à un commando héliporté de militaires putschistes qui a pris d’assaut le complexe hôtelier où il se trouvait.

Le deuxième quotidien pris pour cible

La responsable du site Internet du quotidien, Mediha Olgun, et son correspondant à Izmir, Gökmen Ulu, sont accusés d’« assistance volontaire à une organisation terroriste ». M. Ulu, auteur de l’article incriminé, est également poursuivi pour avoir aidé « à attaquer physiquement et assassiner le président », précise Anatolie. En revanche, le chef d’accusation d’« appartenance à une organisation terroriste » a été abandonné, et la responsable financière du quotidien, Yonca Yücekaleli, libérée. Un mandat d’arrêt a également été émis contre le propriétaire du quotidien, Burak Akbay, actuellement à l’étranger.

Sözcü, l’un des journaux les plus populaires en Turquie et dont le nom signifie « porte-parole », est très critique envers le gouvernement et défend sans concession la laïcité. Sa devise est « Si #Sözcü est muet, la Turquie sera muette ». « Journée noire pour la presse turque et le journalisme », a titré Sözcü samedi matin, avec en « une » une photographie de ses trois employés.

Il s’agit du deuxième quotidien d’opposition à être ainsi la cible du pouvoir après Cumhuriyet, également farouche détracteur du président et dont une vingtaine de collaborateurs ont été interpellés dans le cadre de l’état d’urgence mis en place après le coup d’Etat manqué.