Si décrocher un diplôme en formation continue n’est déjà pas une mince affaire, un grain de sable peut se glisser dans le processus : l’employeur peut ne pas en tenir compte ! Pour éviter un beau gâchis, la bonne stratégie est d’inclure le plus en amont possible dirigeant et manageur.

Première question à se poser avant d’entamer toute démarche : ce cursus peut-il coïncider avec les objectifs de l’entreprise ? Et il vaut mieux que la réponse soit positive. Pour cela, le salarié doit développer un argumentaire convaincant. Pour y arriver, il peut se faire aider. Le législateur a mis en place en 2014 le conseil en évolution professionnelle. Ce service est réalisé par cinq structures dont les Fongecif, l’APEC ou Pôle emploi. Avec un spécialiste, il définit ses arguments, son plan de formation, mesure les financements possibles – il est toujours intéressant de faire valider ce type de stratégie par un tiers.

Le candidat peut aussi réaliser un bilan de compétences. Mais surtout, il doit se tenir informé de la stratégie de la société en discutant avec ses collègues ou les représentants du personnel. Car, in fine, le but est de convaincre son manageur que la formation choisie aura des bénéfices clairs et nets, matériels ou non, pour l’entreprise.

Vient ensuite l’étape de la ­demande. Ce rapport gagnant-gagnant doit être mis en avant. « Puisque vu les gains que ­l’employeur peut escompter, ­l’effort de l’entreprise n’est pas très élevé », rappelle Jean-Luc Durnez, directeur du site Financermaformation. Septembre est un mois propice pour prendre contact. C’est en général à ce ­moment-là que l’entreprise ­débute sa réflexion sur son plan de formation.

On peut aussi utiliser son entretien professionnel. « L’employeur a l’obligation, depuis la loi du 5 mars 2014, de conduire ce rendez-vous tous les deux ans, rappelle Joël Ruiz, directeur général d’Agefos PME, l’un des principaux financeurs de la formation en France. Il faut utiliser cette rencontre privilégiée pour entamer la négociation autour de son projet de formation. »

Reste l’aspect financier. « Le meilleur dispositif est de mixer les sources de financement, en commençant par celles de la société, commente Jean-Pierre Willems, consultant pour l’organisme de formation Demos. Il est impératif que salarié et patron trouvent un intérêt partagé. Les ressources financières du compte personnel de formation (CPF) et celles du plan de formation de l’entreprise peuvent s’additionner. »

Cofinancement

L’employeur peut aussi proposer de financer le cursus, tandis que le salarié met dans la balance des fonds propres, des congés, des RTT ou des week-ends. Ce type de cofinancement est grandement facilité par les établissements d’enseignement supérieur qui proposent des cours du soir ou en fin de semaine. C’est le cas de l’EM Lyon Business School dont un executive MBA débute le jeudi soir pour se terminer le ­samedi. « Ces horaires aménagés permettent ainsi aux stagiaires d’utiliser leur temps libre pour se former, explique Christine ­Neveux, en charge du conseil en financement auprès des candidats. Le montage financier peut alors comprendre les sommes du CPF, un abondement de l’organisme paritaire collecteur agréé, une période de professionnalisation et du hors temps de travail. »

Beaucoup de dirigeants ont bien compris les avantages pour leur société et jouent le jeu. A l’EM Lyon, les deux tiers des participants à des programmes de formation continue sont soutenus par leurs employeurs.