L’ancien premier ministre grec Constantin Mitsotakis, lors d’une campagne électorale, le 6 avril 1990, à Athènes. | Aris Saris / AP

Figure marquante de la vie politique grecque des dernières décennies, l’ancien premier ministre conservateur Constantin Mitsotakis, 98 ans, est mort tôt lundi 29 mai, à Athènes.

Patriarche de l’une des plus influentes familles politiques du pays et chef du parti Nouvelle Démocratie de 1984 à 1993, M. Mitsotakis s’était retiré de la vie politique en 2004, à 85 ans. Son fils, Kyriakos Mitsotakis, est actuellement chef du parti de droite. Une de ses filles, Dora Bakoyanni, ancienne ministre des affaires étrangères, était aussi maire d’Athènes lors des Jeux olympiques de 2004.

Famille crétoise

« Il est mort à 1 heure du matin (minuit, heure française) entouré des personnes qui l’aimaient et de celles qu’il aimait », a annoncé sa famille dans un communiqué. « Sa mort est un triste événement », a déclaré Dimitris Tzanakopoulos, porte-parole du gouvernement d’Alexis Tsipras.

Né en 1918 sur l’île de Crète, M. Mitsotakis fut parlementaire sans interruption à partir de 1946, à l’exception d’une pause de dix ans, pendant, et immédiatement après la période de la junte militaire grecque, de 1967 à 1974.

Malgré ses qualités de démocrate centriste, il était devenu la bête noire du centre-gauche grec pour avoir joué un rôle prépondérant dans la chute du gouvernement de George Papandréou en 1965, qui provoqua une crise politique majeure dans le pays.

Deux ans plus tard, le pays fut plongé dans le septennat de la dictature des Colonels. Arrêté par les militaires, Constantin Mitsotakis parvint à s’enfuir à Paris, où il vécut en exil jusqu’à son retour en Grèce, lors du rétablissement de la démocratie, en 1974.

Politique de rigueur

Dirigeant du parti conservateur Nouvelle démocratie de 1984 à 1993, il fut un farouche opposant au fils de Georges Papandréou, Andreas Papandréou, chef du parti socialiste grec, alors au pouvoir. Une fois élu premier ministre, en 1990, il adopte des mesures de rigueur budgétaire et procède à des privatisations, provoquant la colère de l’opposition, ainsi que de nombreuses manifestations et grèves.

Un projet de réforme de l’enseignement secondaire fut à l’origine d’un grand mouvement de protestation d’élèves, dirigé notamment par un lycéen, Alexis Tsipras, l’actuel premier ministre de gauche.

Son gouvernement s’effondre en 1993, sur fond d’une dispute sur le nom de la Macédoine, un sujet qui empoisonne toujours les relations de la Grèce avec le pays voisin. Les socialistes de M. Papandréou reprennent alors le pouvoir, pour diriger le pays pendant plus de dix ans.

Constantin Mitsotakis avait dit récemment que la Grèce aurait échappé à la crise de la dette de 2010 si ses politiques de rigueur budgétaire avaient été adoptées par ses successeurs. Il fut aussi l’un des rares hommes politiques grecs à exprimer ouvertement des vues politiques favorables aux Etats-Unis.