Emmanuel Macron, président de la république reçoit Vladimir Poutine, président russe au château de Versailles, lundi 29 mai 2017. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Vladimir Poutine est « persuadé » que le régime syrien n’est pas à l’origine de l’attaque chimique meurtrière menée le 4 avril, contre la localité contrôlée par la rébellion de Khan Cheikhoun (Nord-Ouest), qui avait fait 87 morts. Selon le dirigeant russe, les accusations de la communauté internationale, en ce sens, visent à accroître la pression sur Bachar Al-Assad.

« Selon nos informations, il n’y a aucune preuve d’utilisation d’armes chimiques par Assad. Nous sommes persuadés qu’il ne l’a pas fait », déclare le président russe dans un entretien accordé lundi soir au Figaro et diffusé mardi 30 mai.

« Si la frappe a été effectuée contre la population civile ou une partie saine de l’opposition armée, à mon avis, cela a été fait dans un seul but : expliquer à la communauté internationale pourquoi il faut continuer les mesures de pression sur Bachar Al-Assad, y compris pression militaire. »

Avertissement de Macron

Le président français, Emmanuel Macron, a déclaré lundi à l’issue d’entretiens à Versailles (Yvelines) avec son homologue russe que la « ligne rouge », pour Paris, en Syrie, était le recours aux armes chimiques et que la France riposterait immédiatement dans un tel cas de figure. Dans son entretien au Figaro, Vladmir Poutine a déclaré être « d’accord » avec cette « ligne rouge » fixée par le chef de l’Etat français :

« Plus que ça, je pense que cette question doit être posée dans un contexte plus large. Le président Macron en a été d’accord. Contre toute personne, toute force ayant utilisé les armes chimiques, la communauté internationale doit établir une politique commune et donner une réponse qui rendrait l’utilisation d’armes chimiques impossible, tout simplement. »

Les services de renseignement français ont conclu dans un rapport d’enquête dévoilé le 26 avril par l’ancien chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, que le régime syrien avait utilisé du gaz sarin dans l’attaque contre cette localité du nord-ouest de la Syrie.

Selon les enquêteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), de nouveaux éléments montrent que le gaz neurotoxique utilisé provient bien des stocks du régime de Damas, censés avoir été détruits après l’accord d’octobre 2013 parrainé par Moscou et Washington. Les preuves recueillies par les services français complétaient celles des Américains et des Britanniques.

Depuis le début de la guerre en Syrie, en mars 2011, le régime a été accusé à plusieurs reprises d’avoir eu recours aux armes chimiques. L’attaque de la Ghouta, en banlieue de Damas en août 2013, qui a fait des centaines de victimes, a été un des marqueurs du conflit. Elle a conduit, après la retentissante renonciation américaine à des frappes de représailles, à un accord international sur le démantèlement de l’arsenal chimique du régime.

Mais des dizaines d’autres attaques de moindre ampleur sont suspectées, témoignant de la banalisation de l’arme chimique, même si les responsabilités sont extrêmement délicates à prouver.