La spirale des plans d’économies se poursuit dans les universités. En Bourgogne, la remise à plat de l’offre de formation, qui intervient tous les cinq ans, a entraîné de nouvelles coupes. Lundi 29 mai, le conseil d’administration a accepté de supprimer 40 000 heures d’enseignement – soit 10 % de l’ensemble des heures dispensées.

A l’appel de plusieurs syndicats de personnels et d’étudiants (Snesup-FSU, CGT, SUD, UNEF…), environ 80 manifestants se sont rassemblés au début de la réunion pour marquer leur opposition à cet « effritement progressif » de l’offre. Selon eux, au moins une vingtaine de formations n’ouvriront pas à la rentrée prochaine, comme la licence d’italien ou encore le master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) en lettres classiques.

« Cela va au-delà des fermetures : toutes les formations sont touchées par les réductions », alerte Peggy Cénac, maître de conférences en mathématiques et élue du Snesup. « Ce tour de vis intervient alors qu’on est déjà à l’os », se désespère Marc Neveu, professeur d’informatique dans cet établissement et cosecrétaire général du même syndicat. L’université dijonnaise, qui a connu pour la première fois un déficit en 2017 – comblé en piochant dans son fonds de roulement –, a adopté un premier plan de suppression de 25 000 heures à l’hiver 2016, avec une trentaine d’emplois supprimés.

« Ce sont des arbitrages difficiles »

Comme de nombreuses universités depuis leur passage à l’autonomie, l’établissement bourguignon est confronté à des difficultés budgétaires, coincé entre une subvention de l’Etat qui stagne ces dernières années, tandis que les charges, elles, augmentent. Ces derniers mois, les universités de Toulouse-3, de Limoges ou encore d’Orléans ont ainsi enclenché des plans d’économies, sources de tensions internes.

Outre la progression de leur masse salariale, due à l’évolution de carrière des fonctionnaires qui la composent, les universités voient arriver les enfants du boom démographique des années 2000, depuis déjà trois ans. 40 000 étudiants supplémentaires sont encore attendus à la rentrée prochaine.

« Personne n’est ravi d’effectuer ces réductions. Ce sont des arbitrages difficiles, reconnaît Sylvain Comparot, directeur du cabinet du président de l’université bourguignonne. Mais nous devions mettre notre offre de formation en adéquation avec nos moyens. Nous avons travaillé avec chacune des composantes pour trouver les meilleures solutions possibles. Le cœur de l’offre de formation est préservé. » Le plan a été voté par une majorité conséquente, de 17 administrateurs sur 27 (sept votes contre, trois abstentions).

« Mais nous ne pourrons pas aller plus loin, prévient le responsable. L’Etat doit prendre ses responsabilités. Nous aurons encore un millier d’étudiants de plus en septembre, ce qui représentera une augmentation totale de 4 000 étudiants depuis 2012 ! Et cela ne va pas s’arrêter, au contraire. »

La nouvelle ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, connaît bien la question : elle a présidé l’université de Nice ces cinq dernières années. Lors de son premier déplacement sur le campus bordelais, le 29 mai, la professeure en sciences de la vie a surtout fait part de son intention de mettre fin au tirage au sort à l’entrée des filières universitaires en tension, qui fait polémique depuis plusieurs semaines.

Mais la question du manque de moyens des universités va rapidement s’imposer à son agenda. Les négociations budgétaires vont débuter en coulisses dès l’été. Elles promettent d’être ardues pour l’enseignement supérieur et la recherche : si la communauté universitaire évalue les besoins à un milliard d’euros supplémentaire par an, Emmanuel Macron n’a promis, dans son programme, qu’une « sanctuarisation » du budget.