Andy Rubin, en avril 2013. | YOSHIKAZU TSUNO / AFP

Andy Rubin rêve à nouveau de contrarier Apple. Mardi 30 mai, le créateur d’Android, le système d’exploitation mobile de Google contre lequel Steve Jobs, l’ancien patron de la marque à la pomme, voulait mener une « guerre thermonucléaire », a présenté le premier smartphone développé par Essential, sa nouvelle start-up. « Je n’étais pas satisfait avec les téléphones actuels », a-t-il assuré au cours d’une conférence organisée par le site spécialisé Recode.

L’Essential Phone est un terminal Android haut de gamme, rivalisant sur le papier avec les derniers iPhone d’Apple et Galaxy S de Samsung. Il sera disponible en juin aux Etats-Unis, pour un prix de 699 dollars (625 euros). Initialement, le smartphone ne sera vendu que sur le site Internet de la société, ce qui limitera grandement son potentiel commercial. Mais M. Rubin espère trouver des accords avec les grands opérateurs mobiles.

« Bâtir rapidement un très bon business »

La principale nouveauté vient de la possibilité d’ajouter facilement des accessoires grâce à deux connecteurs magnétiques situés à l’arrière de l’appareil. Le premier d’entre eux est une caméra permettant de prendre des photos et de filmer à 360 degrés, un format désormais supporté par YouTube et Facebook. « C’est l’une des prochaines innovations majeures dans le mobile », souligne Carolina Milanesi, analyste chez Creative Strategies.

La start-up prévoit de lancer d’autres accessoires. Par exemple, une carte mémoire pour augmenter la capacité de stockage du smartphone, avance M. Rubin. « Nous allons pouvoir amener l’innovation beaucoup plus rapidement aux consommateurs », se félicite le patron de la société. Essential compte par ailleurs sur le soutien d’autres fabricants afin d’enrichir son écosystème modulable.

Face à Apple et Samsung, qui captent près de 75 % des ventes de smartphones aux Etats-Unis, selon les estimations du cabinet ComScore, M. Rubin « voit grand ». Et se dit confiant en sa capacité « à bâtir rapidement un très bon business ». Sa mission s’annonce cependant compliquée. Beaucoup d’entreprises ont en effet échoué à percer sur le marché américain du smartphone.

Importantes ressources financières

Au pied du mur, la start-up Nextbit, fondée en 2015 par des anciens d’Apple, Google et HTC, a été contrainte de se vendre en début d’année. Et les fabricants chinois, qui ne disposent pas d’accord de distribution avec les opérateurs, ne parviennent pas à gagner des parts de marché. La semaine dernière, LeEco a ainsi annoncé la suppression de 70 % des effectifs aux Etats-Unis en raison de ventes nettement inférieures à ses prévisions.

Pour Mme Milanesi, l’Essential Phone pourrait bien rester « un produit de niche destiné à ceux qui savent qui est Andy Rubin ». « Pour les autres, ce sera un smartphone à 699 dollars fabriqué par une marque inconnue », ajoute-t-elle. Certes, l’aspect modulable pourrait lui permettre de se démarquer de la concurrence. « Mais cela n’a pas permis à Motorola [qui a lancé un concept similaire l’an passé] de gagner des parts de marché », souligne l’analyste.

M. Rubin pourra toutefois compter sur d’importantes ressources financières. Sur son nom, il a levé « plusieurs centaines de millions de dollars » auprès notamment du sous-traitant taïwanais Foxconn et du groupe Internet chinois Tencent. L’entrepreneur voit encore plus loin. Cet été, sa start-up lancera un assistant personnel, baptisé Home et concurrent de la gamme Echo d’Amazon et du Google Home. Et il promet aussi de concevoir d’autres objets connectés dans le futur.