Le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, le 31 mai 2017. | Markus Schreiber / AP

La mesure prise par l’Allemagne met en lumière le lien supposé entre crise migratoire et menace terroriste. L’Allemagne a annoncé mercredi 31 mai vouloir vérifier des dizaines de milliers de titres de séjour accordés à des demandeurs d’asile. Une mesure qui intervient après qu’un soldat allemand, soupçonné de préparer un attentat, eut réussi à se faire passer pour un réfugié syrien.

Ces vérifications, qui vont démarrer cet été, vont concerner jusqu’à 100 000 dossiers déposés ces deux dernières années par des demandeurs d’asile âgés de 18 à 40 ans et originaires d’une dizaine de pays, a déclaré à la presse le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière.

Faire porter le chapeau aux migrants

L’opération fait suite à un scandale qui a récemment éclaboussé l’armée allemande : un officier de la Bundeswehr, Franco Albrecht, soupçonné de préparer avec des complices des attentats contre des personnalités de gauche ou des étrangers, s’était fait passer pendant plusieurs mois pour un réfugié syrien alors qu’il ne parlait pas arabe. Il entendait, selon l’enquête, faire ensuite porter le chapeau aux migrants en laissant des indices sur sa fausse identité.

L’Office fédéral pour les migrants et les réfugiés (BAMF), chargé d’auditionner les requérants et de statuer sur leur demande, n’y a vu que du feu et a même octroyé un titre de séjour d’un an au militaire de 28 ans, ainsi qu’une allocation mensuelle de 409 euros. Franco Albrecht, qui parlait un peu le français, s’était de surcroît présenté sous l’identité de David Benjamin, prétendant appartenir à une minorité française de Syrie.

Cette rocambolesque affaire a ravivé des questions embarrassantes sur la gestion de plus d’un million de dossiers de demandes d’asile depuis l’afflux de 2015-2016, alors que Berlin avait promis de scruter avec sévérité les dossiers face aux fraudeurs et à la menace jihadiste.

« C’est fâcheux et ça doit avoir des conséquences », a insisté M. de Maizière, tout en assurant que le cas de l’officier n’avait pas d’équivalent.