Le paquebot « Meraviglia », dernier-né des chantiers navals.

Emmanuel Macron, attendu ce mercredi en fin d’après-midi à Saint-Nazaire pour le départ du paquebot Meraviglia, le dernier-né des chantiers navals français, n’arrivera pas les mains vides. Il devrait annoncer à cette occasion une, voire deux, nouvelles importantes pour les chantiers, qui font vivre des milliers de personnes dans la région, indiquent des sources concordantes.

Première grande annonce, très positive : la commande ferme de quatre nouveaux paquebots. MSC, la compagnie de croisière qui est le premier client de Saint-Nazaire, avait déjà posé des options pour faire construire ces bateaux sur place. Ce projet devrait être officiellement confirmé ce mercredi. Le contrat, évalué à 4,5 milliards d’euros, représente 37 millions d’heures de travail pour les chantiers français. Ils devront être livrés entre 2022 et 2026. Saint-Nazaire aura ainsi un carnet de commandes plein pour presque dix ans.

Deuxième grande nouvelle, que le président de la République ne fera sans doute qu’effleurer : le schéma de reprise des chantiers va probablement évoluer.

L’offre de rachat de l’italien Fincantieri a été très critiquée

Depuis des mois, la recomposition du capital du site de Saint-Nazaire est suivie de près par les pouvoirs publics, après la faillite de l’actionnaire coréen, le conglomérat STX. Un seul candidat ayant remis une offre d’achat, l’italien Fincantieri, c’est cet industriel qui a été choisi par le tribunal de commerce de Séoul chargé du dossier. Mais la reprise des chantiers de Saint-Nazaire par leur principal concurrent a soulevé beaucoup de critiques.

Le dernier gouvernement Valls avait mis au point avec Fincantieri un compromis complexe. L’industriel italien se serait contenté d’une minorité de 48 %. Le clan transalpin aurait néanmoins obtenu le contrôle grâce à la présence d’une fondation privée italienne à hauteur de 8 %. Le reste du capital devait être réparti entre l’Etat français (33 %) et la société publique française DCNS.

Aujourd’hui, « la majorité n’est plus la même et nous voulons expertiser la situation pour revoir éventuellement ce schéma », confie un représentant des pouvoirs publics. Le nouveau président ne compte pas nationaliser STX France, en dépit de ce que suggèrent certains, notamment le syndicat FO et le sénateur LR Bruno Retailleau.

Ecarter la fondation italienne

Le projet envisagé par l’Elysée ces derniers jours consiste à écarter la fondation italienne, considérée par beaucoup comme un faux nez de Fincantieri. A sa place entreraient MSC et RCCL, les deux compagnies de croisières clientes de Saint-Nazaire. Elles pourraient avoir ensemble environ 10 % du capital. Depuis des mois, les deux armateurs suivent de très près l’évolution du dossier. Inquiets de ce que pourrait faire Fincantieri, ils avaient tenté de monter un « plan B », sans succès.

Leur entrée au capital permettrait de cantonner Fincantieri à un rôle d’opérateur industriel ne disposant que d’une grosse minorité. Et ils auraient l’assurance que le nouvel actionnaire clé ne prendra pas de décision allant à l’encontre de leurs intérêts, par exemple en privilégiant ses propres chantiers italiens.

Ce nouveau schéma ne fera sans doute pas l’unanimité. « Remettre en cause une décision longuement mûrie par le précédent gouvernement, et donner un rôle charnière aux clients, c’est bizarre, non ? », réagit à chaud un proche de Fincantieri.