Personne ne sait pourquoi Donald Trump, président des Etats-Unis, a écrit un tweet incompréhensible quelques minutes après minuit, mercredi 30 mai :

Peut-être s’est-il endormi en voulant écrire « despite the constant negative press coverage… » (« En dépit de la constante couverture négative de la presse… ») ou alors son téléphone n’avait plus de batterie et il ne s’en est pas rendu compte.

Personne ne sait pourquoi Donald Trump n’a pas effacé ce tweet manifestement inachevé et, sur Twitter, tout le monde a semblé obsédé par le nébuleux message durant quelques heures. Un « covfefe » qui serait pourtant passé totalement inaperçu s’il ne s’agissait du président des Etats-Unis et de la façon dont il gère son compte Twitter aux 31 millions de followers, une arme de communication massive au service de sa politique.

Le tweet en question était toujours en ligne lorsque la Côte est des Etats-Unis s’est réveillée, et le mot qu’il a inventé, « covfefe », est aussitôt devenu un trending topic dans le monde entier, rebondissant avec des blagues, des mèmes et des méta-mèmes, imaginés par des insomniaques ou ses partisans.

« Covfefe » a déjà été inscrit dans Urban Dictionary – l’autorité non officielle des définitions de mots argotiques sur le Web – ; le nom de domaine Covfefe.com a été acheté dans la nuit. Vers midi, des sites vendront des casquettes « Covfefe » à côté des casquettes « Make America Great Again ».

Le « CovfefeGate » nous montre ou nous confirme plusieurs choses :

  • Donald Trump est véritablement un média à lui seul (même si une partie de ses millions de followers sont des robots). La portée du moindre de ses tweets (surtout les plus absurdes) sur les réseaux est telle qu’elle exerce une irrésistible force d’attraction et d’attention, sur les journalistes qui décortiquent le moindre message (mêmes les plus absurdes) et sur tous les autres qui ont du temps à perdre et veulent participer à la cour de récré. Il peut littéralement inventer un mot et en faire le centre de la « conversation » pendant des heures.
  • Plus de six heures après sa publication, le tweet a été effacé. Et la Maison Blanche n’a pas jugé bon de répondre aux questions de la presse américaine pendant la nuit. L’une d’elle étant : Donald Trump est-il donc le seul à avoir accès à son compte ? Le tweet suivant laisse croire que c’est le cas. Il écrit quelques minutes après la suppression du premier, comme le clin d’œil de celui qui veut faire croire qu’il avait prévu la blague depuis le début.
  • La question se pose aussi de savoir si Donald Trump avait légalement le droit d’effacer ce tweet. Même s’il ne voulait rien dire, il est, selon la loi, considéré « comme une forme de correspondance numérique » présidentielle et fait à ce titre partie des archives présidentielles.
  • Les gens sur Internet n’aiment rien de plus que de pointer une faute d’orthographe. Dans un article, dans un e-mail ou dans un tweet présidentiel. Mais là, même Le Monde correction est resté perplexe.

« Il vit désormais au sein de lui-même »

Voici quelques informations éclairantes et complémentaires sur l’état mental de Donald Trump qui sont sorties ce matin et sont peut-être passées inaperçues pendant que tout le monde rafraîchissait frénétiquement le tweet « Covfefe » pour savoir s’il avait été effacé :

Après sa tournée internationale, le président américain est revenu à la Maison Blanche « seul et en colère », selon CNN. L’affaire du FBI, les fuites constantes dans la presse et l’incompétence de son staff le poussent à bout, mentalement et physiquement, selon « une source qui parle avec le président ». Celle-ci raconte :

« Il vit désormais au sein de lui-même, qui est un endroit dangereux quand vous êtes Donald Trump. Je le vois se replier émotionnellement. Il a pris du poids. Il n’a pas grand monde en qui il fait confiance. »

Dans un autre article, Associated Press cite d’anciens et actuels responsables américains qui racontent que Donald Trump a encouragé plusieurs dirigeants internationaux à le joindre sur son téléphone portable, plutôt que de passer par le protocole et les lignes sécurisées. Seul le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a suivi son conseil (on ne sait pas ce qu’Emmanuel Macron a répondu).

Barack Obama a été le premier président américain à intégrer l’utilisation d’un portable à partir de 2008. C’était un Blackberry, ultra-sécurisé mais un peu désuet. Donald Trump, selon la Maison Blanche, possède un iPhone, aussi sécurisé que possible, avec une seule application : Twitter.