Sean Spicer a livré une conférence de presse surréaliste mardi 30 mai. | Andrew Harnik / AP

Sean Spicer était de retour derrière le pupitre de la salle de presse de la Maison Blanche, mardi 30 mai, après une éclipse de dix jours due au premier voyage à l’étranger du président Donald Trump. Alors que le porte-parole est souvent annoncé sur le départ, la démission du jour concerne le directeur de la communication de la Maison Blanche, Michael Dubke, qui a renoncé moins de trois mois après son arrivée au 1600 Pennsylvania Avenue, le 6 mars.

Les briefings quasi-quotidiens sont devenus des rendez-vous retransmis en direct sur les chaînes d’information continue depuis l’arrivée de M. Trump et la salle Brady – où ils se tiennent – est constamment prise d’assaut par les journalistes. Au gré des controverses et des rebondissements de l’enquête sur d’éventuelles complicités entre des membres de l’équipe de campagne de M. Trump et la Russie, l’exercice est cependant devenu une torture pour M. Spicer, souvent pris de court par les volte-face du président dont la rumeur veut qu’il soit l’un de ses spectateurs assidus.

Le porte-parole, dont une conseillère du président, Kellyanne Conway, avait déclaré dès le 22 janvier qu’il présentait des « faits alternatifs » à ceux de la presse, a perfectionné une technique pour laisser le moins de temps possible aux questions : détailler au maximum l’agenda du président. Pour pallier le manque d’activités prévues mardi, Sean Spicer a ouvert son briefing par un long panégyrique du voyage de M. Trump, qualifié successivement d’« historique », d’« incroyable » et de « remarquable », alors que la réunion à l’OTAN et le sommet du G7 ont été émaillés de tensions.

La faute aux « informations bidons » publiées par la presse

Le porte-parole a ensuite dressé un tableau tout aussi idyllique de la relation américano-allemande, assurant contre toute évidence que M. Trump et la chancelière Angela Merkel « s’entendent très bien ». « Il a beaucoup de respect pour elle (…) et il considère non seulement l’Allemagne mais le reste de l’Europe comme un allié important des États-Unis », a ajouté le porte-parole.

Le matin même, le président s’en était pourtant pris à l’Allemagne dans un message publié sur son compte Twitter. « Nous avons un déficit commercial MASSIF avec l’Allemagne et elle paie BIEN MOINS qu’elle ne le devrait pour l’OTAN et la défense. Très mauvais pour les États-Unis. Ça va changer », avait écrit M. Trump, comme en réponse aux doutes exprimés par la chancelière, deux jours plus tôt, à propos de la solidité de la relation transatlantique.

Alors que Washington bruisse de rumeurs de remaniements, au-delà du départ de M. Dubke, M. Spicer a encore assuré que le président est « très content de son équipe », mettant l’exaspération qu’il exprime souvent sur Twitter sur le compte des « informations bidons » publiées par la presse. Il a réitéré cette critique, déplorant la multiplication de sources anonymes dans les articles, alors que M. Trump avait partagé sur Twitter, quelques heures plus tôt, un article non signé de Fox News favorable à la Maison Blanche et reposant sur une seule source, elle aussi non identifiée.

Puis, M. Spicer a brutalement tourné les talons, accompagné jusqu’à la sortie de la salle par des questions restées sans réponses et même quelques huées, au terme d’une conférence de presse parmi les plus courtes de son magistère.