Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors d’un forum à Berlin, le 1er juin 2017. | Maurizio Gambarini / AP

L’Union européenne et la Chine tentent de faire pression sur Donald Trump, jeudi 1er juin, peu avant son annonce sur l’accord de Paris. Le président américain dévoilera à 21 heures, heure de Paris sa décision de sortir ou non de ce traité historique de décembre 2015, dans lequel 196 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a exhorté M. Trump à ne pas abandonner l’accord de Paris, dans un tweet ironique : « S’il vous plaît, n’envenimez pas le climat (politique). »

« Le vide sera rempli »

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a quant à lui jugé un éventuel retrait inacceptable. « Je suis un partisan de la relation transatlantique, mais si le président américain devait dire dans les prochaines heures qu’il veut sortir de l’accord de Paris, alors il serait du devoir de l’Europe de dire : cela ne va pas comme ça », a-t-il déclaré lors d’une conférence mercredi soir en Allemagne.

M. Juncker a ajouté jeudi que « si les Etats-Unis décident de se retirer, le vide laissé devra être rempli. Je vais rencontrer le premier ministre [chinois] Li ce soir », selon des propos rapportés par la porte-parole Mina Andreeva. Les Européens, qui reçoivent jeudi soir et vendredi Li Keqiang, se sont donc déclarés prêts à prendre le leadership en la matière.

« La Chine va continuer à mettre en œuvre les promesses faites lors de l’accord de Paris », a promis jeudi matin le chef du gouvernement chinois, lors d’une conférence de presse avec la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin. Mme Merkel s’est « réjoui[e] » de cette annonce. « Nous sommes tous deux partisans du libre-échange et d’un ordre mondial basé sur les règles », a-t-elle lancé à rebours du ton protectionniste et unilatéraliste affiché par Donald Trump depuis son élection.

Mise en œuvre « compliquée »

Dans l’attente de la décision américaine, le porte-parole en chef de la Commission européenne Margaritis Schinas a commenté :

« L’accord de Paris est un partenariat multilatéral à succès entre pays dans le monde pour s’attaquer à un problème commun qui menace la planète tout entière. Pour l’Europe, c’est la planète d’abord. »

A Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov estime qu’un retrait éventuel d’acteurs-clés tels que les Etats-Unis pourrait « compliquer » la mise en œuvre de l’accord de Paris. « Mais il n’y a pas d’alternative pour le moment », a-t-il souligné.

Le monde des affaires s’est, lui aussi, prononcé, dans sa grande majorité, pour un maintien au sein de l’accord. Une douzaine de grands groupes, parmi lesquels le pétrolier ExxonMobil, le géant de l’agrochimie DuPont ou encore Google, Intel ou Microsoft, ont pressé Donald Trump de ne pas en sortir.

Concrètement, le président américain pourrait invoquer l’article 28 de l’accord de Paris, qui permet aux signataires d’en sortir, mais, en raison de la procédure prévue, cette sortie ne deviendrait effective qu’en 2020. Une autre solution pourrait être de sortir purement et simplement de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (Cnucc).