Avant de tweeter cette annonce, Donald Trump a reçu le premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc, mercredi 31 mai. | SAUL LOEB / AFP

« J’annoncerai ma décision sur l’accord de Paris jeudi à 15 heures [heure de Washington]. Dans la roseraie de la Maison Blanche. RENDRE SA GRANDEUR A L’AMERIQUE ! », a tweeté M. Trump, reprenant son slogan de campagne. Sans livrer d’indice sur sa décision, le président américain Donald Trump a annoncé qu’il trancherait sur la participation des Etats-Unis à l’accord de Paris sur le climat jeudi 1er juin à 20 heures (heure de Paris).

Assailli de questions sur ce dossier crucial, le président américain avait quelques heures plus tôt lancé depuis le bureau Ovale : « Vous le saurez très bientôt. » « J’écoute beaucoup de gens, des deux côtés », avait poursuivi, énigmatique, celui qui, depuis son arrivée au pouvoir, affiche sa volonté de donner un coup de pouce aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) au nom de la défense des emplois américains.

Les signaux contradictoires du président

Conclu fin 2015 par plus de 190 pays sous l’égide des Nations unies (ONU), l’accord de Paris vise à limiter la hausse de la température mondiale et ses effets dévastateurs. Un retrait américain – acquis selon plusieurs médias américains – serait une véritable déflagration, 18 mois après cet accord historique, dont Pékin et Washington, les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, furent des architectes centraux.

L’Union européenne et la Chine réaffirmeront, lors d’un sommet à Bruxelles jeudi et vendredi, leur soutien à ce texte quelle que soit la position du président américain, a fait savoir un dirigeant européen sous couvert d’anonymat.

Pendant sa campagne, l’homme d’affaires septuagénaire avait promis d’« annuler » cet accord. Mais depuis son installation à la Maison Blanche, il a envoyé des signaux contradictoires, reflets des courants contraires qui traversent son administration sur la question climatique mais aussi, au-delà, sur le rôle des Etats-Unis dans le monde et leur rapport au multilatéralisme. En revanche, le patron de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, s’est ouvertement prononcé pour une sortie de l’accord, jugeant qu’il était « mauvais » pour l’Amérique.

Le monde des affaires s’est, dans sa grande majorité, prononcé pour un maintien au sein de l’accord de Paris. Une douzaine de grands groupes, parmi lesquels le pétrolier ExxonMobil, le géant de l’agrochimie DuPont, ou encore Google, Intel et Microsoft, ont pressé Donald Trump de ne pas en sortir. Le milliardaire et entrepreneur Elon Musk a même menacé de quitter les différents cénacles de grands patrons conseillant Donald Trump si celui-ci retirait les Etats-Unis de l’accord.

Nombre d’élus démocrates ont exprimé leur incompréhension ou leur colère. « Trump se retire de l’accord de Paris sur le climat. Visiblement, “L’Amérique d’abord” veut dire “Les pollueurs d’abord”. #Honteux », a lancé l’élu démocrate de New York, Hakeem Jeffries.

Le fond et la forme questionnent

Concrètement, Donald Trump pourrait invoquer l’article 28 de l’accord de Paris, qui permet aux signataires d’en sortir, mais, en raison de la procédure prévue, cette sortie ne deviendrait effective qu’en 2020. Une autre solution pourrait être de sortir purement et simplement de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (Cnucc).

Une alternative mise en avant par certains responsables de l’administration consistait à rester dans l’accord tout en lançant un réexamen des objectifs américains. Cela permettrait de garder un siège à la table des négociations tout en envoyant, en interne, le signal d’une forme de rupture avec l’administration démocrate de Barack Obama.

Au contraire du Protocole de Kyoto (1997), l’accord conclu à Paris ne fixe pas d’objectif contraignant par pays, les engagements nationaux reposant sur une base volontaire. L’objectif des Etats-Unis, fixé par l’administration Obama, est une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 par rapport à 2005. La Maison Blanche a, à plusieurs reprises, jugé que s’y tenir serait « handicapant » pour la croissance américaine.

Au-delà de la question économique, demeure celle de la position de Donald Trump sur le changement climatique. Interrogé mardi sur ce thème, son porte-parole Sean Spicer est resté extraordinairement évasif. Le président croit-il à l’impact des activités humaines sur le changement climatique ? « Je ne peux le dire, je ne lui ai pas demandé », a-t-il répondu.