Le 24 janvier, Donald Trump, signe un « executive order » (ordonnance) sur le projet d’oléoduc géant, Keystone CL, qui doit relier les champs de sable bitumineux de la province canadienne de l’Alberta au golfe du Mexique. | EVAN VUCCI / AP

Dans une administration souvent erratique, la remise en cause des mesures environnementales prises par le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama, constitue une constante. Cette ligne plaide plutôt pour une rupture des Etats-Unis avec l’accord international de réduction des gaz à effet de serre conclu à Paris en décembre 2015. Jeudi 1er juin au soir, Donald Trump donnera son avis final sur la question.

La nouvelle administration n’a essuyé pour l’instant qu’un seul revers sur ces questions, le 10 mai, lorsque le Sénat s’est opposé à une résolution supprimant une règle visant à limiter les émissions de méthane dans les exploitations gazières et pétrolières situées sur des territoires fédéraux. Trois sénateurs républicains se sont joints aux démocrates pour la bloquer.

Auparavant, la nomination à la direction de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) du climatosceptique Scott Pruitt, ancien attorney general de l’Oklahoma proche du lobby pétrolier, et réputé pour ses attaques passées contre la structure qu’il dirige désormais, a été le premier acte d’un assaut en règle.

Coupes budgétaires pour l’agence

Le peu de considération pour l’agence s’est traduit par des coupes claires dans ses moyens. Le projet de budget avant examen par le Congrès – décisionnaire sur ce sujet –, fait état d’une réduction de 25 % du budget, ramené à 6,1 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros), de 20 % du personnel, et par la suppression de nombreux programmes.

La priorité donnée aux énergies fossiles sur les préoccupations environnementales s’est vérifiée dès l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier, avec la suppression immédiate de la directive qui exigeait des compagnies gazières et pétrolières la communication de données relatives à l’émission de méthane. Donald Trump a rapidement signé le 3 février un projet de loi voté par les deux chambres du Congrès, contrôlées par les républicains, supprimant l’encadrement du déversement dans les cours d’eau de déchets miniers susceptibles de contenir des métaux lourds.

A la grande satisfaction des milieux agricoles, il a également engagé une révision d’une loi protégeant les cours d’eau et les zones humides. Ce texte, dont le périmètre avait été étendu par l’administration démocrate précédente, avait été adopté en 1969 après qu’une rivière de l’Ohio devenue un déversoir pour l’industrie, la Cuyahoga, s’était littéralement enflammée, précipitant une prise de conscience écologiste.

Le 15 mars, à l’occasion d’une visite à Detroit, bastion de l’industrie automobile, M. Trump est revenu sur des objectifs d’efficacité énergique. Les normes en la matière devaient devenir plus exigeantes à partir de 2022. Le 24 mars, le président a autorisé la construction d’un oléoduc géant, Keystone XL, qui doit relier les champs de sable bitumineux de la province canadienne de l’Alberta au golfe du Mexique où est concentrée l’industrie de raffinage américaine. Il a également donné son feu vert à l’achèvement d’une autre conduite, Dakota Access, bloquée pour des considérations environnementales.

Aucune subvention pour les énergies renouvelables

Le président a ensuite signé le 28 mars un décret remettant en cause l’essentiel de la réglementation mise en place par son prédécesseur pour lutter contre le réchauffement climatique. Il a visé directement l’outil privilégié par M. Obama pour tenir les engagements de réduction des gaz à effets de serre pris en 2015 à Paris : la fermeture des centrales thermiques au charbon les plus polluantes. Dans son plan pour une énergie propre (Clean Power Plan), l’administration Obama avait décidé une réduction de 32 % des émissions liées à la production d’électricité par rapport à celles de 2005.

Le 28 avril, le président a également signé un décret ordonnant un réexamen des restrictions imposées à l’exploration et l’exploitation pétrolière et gazière, notamment en Arctique. Ce révisionnisme n’épargne aucun secteur. Des élus républicains du Maine et de l’Utah ont ainsi demandé à M. Trump, début mars, d’annuler la création de vastes zones protégées validée par Barack Obama. Jusqu’à présent, aucun président n’a jamais remis en cause les classements d’étendues sauvages décidés par l’un de ses prédécesseurs.

Présentant son projet de financement de l’Etat fédéral à la presse le 2 mai, le directeur du budget, Mick Mulvaney, s’était particulièrement félicité d’un point : l’absence de la moindre subvention pour les énergies renouvelables.