Dans un rapport d’étape (pdf) publié jeudi 1er juin, la Commission européenne note que les principaux réseaux sociaux ont fait d’importants progrès dans la manière dont ils gèrent les signalements de contenus haineux. Sur le taux de suppression des messages, tout comme sur la rapidité d’action et les retours faits aux personnes ayant signalé des messages illégaux, l’étude de la Commission montre que ces six derniers mois, YouTube, Twitter et surtout Facebook ont fait des efforts visibles.

Pour mesurer l’efficacité de la modération de ces réseaux, la Commission s’est basée sur des signalements effectués par des associations dans 24 pays – les deux tiers des signalements étaient effectués par la procédure « normale », accessible à tous les internautes, le reste passant par un canal privilégié ouvert aux associations. Sur les 2 575 notifications soumises au total, 59 % ont bien été modérées, avec des variations importantes entre Twitter (37,5 %), YouTube (60 %) et Facebook (66,5 %). Des chiffres encore imparfaits, mais en très forte augmentation par rapport à la mesure précédente, les trois réseaux sociaux ayant doublé leur taux de suppression.

Twitter à la traîne, Facebook en tête

La Commission note que les trois entreprises ont également amélioré leur réactivité, avec plus de la moitié des signalements traités en moins de 24 heures en moyenne. Enfin, le suivi des signalements progresse. Le pourcentage d’utilisateurs tenus au courant des suites de leur signalement est en nette augmentation chez Twitter (de 13,4 % des cas à 68,9 %), en hausse chez YouTube (de 15,6 % à 35,5 %), tandis que Facebook reste de loin le meilleur élève sur ce point (95,7 % des cas, contre 93 % précédemment).

Des chiffres encore très imparfaits mais encourageants, note la Commission. « Aujourd’hui, les entreprises suppriment deux fois plus de discours haineux illégaux qu’il y a six mois et le font plus rapidement », s’est félicitée la commissaire à la justice, Vĕra Jourová, dans un communiqué. « Il s’agit d’un pas important dans la bonne direction qui montre qu’une approche autorégulatrice peut fonctionner si tous les acteurs jouent leur rôle. Cela implique par ailleurs une grande responsabilité pour les entreprises qui doivent encore progresser pour tenir l’ensemble de leurs engagements. »

En mars, les autorités allemandes avaient révélé les résultats d’une mesure similaire de l’efficacité de la modération des réseaux sociaux dans le pays. Prenant acte du fait que certains, dont YouTube, avaient enregistré des progrès spectaculaires dans un laps de temps très court, Berlin avait alors menacé d’imposer des sanctions financières importantes aux réseaux sociaux qui n’amélioreraient pas leur modération. Un projet de loi allant dans ce sens a été déposé.

Mais au niveau européen, la Commission semble privilégier l’autorégulation du secteur. « La collaboration étroite avec le secteur privé et la société civile dans la lutte contre les discours haineux illégaux porte ses fruits, et nous redoublerons d’efforts communs », a dit Andrus Ansip, vice-président de la Commission chargé du marché unique numérique.