C’est la dernière ligne droite. Vendredi 2 juin, les candidats à la reprise de l’usine Whirlpool d’Amiens doivent déposer leur offre ferme. Une chose semble certaine : le site ne produira plus de sèche-linge ou d’appareil d’électroménager. Sur la quinzaine de marques d’intérêt, six ont été jugées les plus sérieuses. Mais aucun des repreneurs potentiels ne souhaite maintenir l’actuelle activité de l’usine.

« Pour l’instant, il n’y a aucun plan de reprise d’activité au sens de la loi Florange, assure Cécile Delpirou, la présidente du comité d’entreprise de l’usine amiénoise et déléguée syndicale CFE-CGC. On peut encore avoir une surprise de dernière minute, mais c’est improbable. » Si un projet se rapproche de l’activité actuelle, « ce n’est pas nécessairement ce que les salariés attendent », précise un connaisseur du dossier.

« Créer un maximum d’emplois durables »

En l’absence de continuation de l’activité, Whirlpool devra, en effet, engager avant la mi-2018, date de la délocalisation de la production à Lodz, en Pologne, le licenciement de ses 290 salariés. Le 5 mai, la direction et les syndicats se sont mis d’accord sur le plan de sauvegarde de l’emploi, qui prévoit pour les salariés les plus anciens une indemnité de départ allant jusqu’à 80 000 euros. « Pour certains, proches de la retraite, perdre leur emploi est certes un crève-cœur, mais ils veulent partir au minimum avec un chèque. On ne peut pas les blâmer », ajoute une source.

Sur les six dossiers, quatre pourraient coexister dans l’enceinte de l’usine

Le site d’Amiens devra donc être réindustrialisé par une ou plusieurs sociétés. Pour l’instant, « six candidats ont déposé des lettres d’intention », indique Cécile Delpirou. « Il y a des dossiers solides portés par des industriels et non des fonds, c’était une priorité pour nous », confie Xavier Bertrand, le président (Les Républicains) de la région Hauts-de-France.

Sur les six dossiers, quatre pourraient coexister dans l’enceinte de l’usine picarde. « Le site est tellement grand que plusieurs projets peuvent se développer en parallèle. Notre objectif est de créer un maximum d’emplois durables », dit M. Bertrand. Selon le nombre de candidats retenus, bien plus de 290 postes pourraient être créés à terme. « C’est une nécessité pour tout le bassin d’emploi, très sinistré », reprend Mme Delpirou.

« Colonne vertébrale »

Dans un premier temps, le site pourrait être cédé à un repreneur important, « véritable colonne vertébrale de la réindustrialisation du site », explique Mme Delpirou. Cette entreprise propose d’employer plus de 200 personnes pour produire des produits électroniques sur une ou plusieurs lignes. Puis, trois autres sociétés accompagneraient ce projet. Il y aurait le Lavoir Moderne, une blanchisserie francilienne, qui viserait la création de 50 emplois, un spécialiste du conditionnement et l’antenne administrative d’un énergéticien.

Pour l’instant, le nom des éventuels repreneurs reste confidentiel, tout comme le montant des aides apportées par Whirlpool pour faciliter la revitalisation du site. « Nous sommes actuellement en train d’analyser les différentes offres potentielles, commente-t-on dans l’entourage de la société américaine. Notre priorité absolue est de trouver une solution viable et de long terme pour l’usine et ses employés. » Après la remise des offres fermes, le comité d’entreprise sera une nouvelle fois consulté le 13 juin pour donner son avis sur les dossiers déposés.

En parallèle de la procédure de Whirlpool, la soixantaine de salariés de Prima, l’un des sous-traitants locaux de la société américaine, s’inquiètent de leur sort. Selon les syndicats, le propriétaire de l’usine souhaiterait vendre. Trois repreneurs potentiels, dont un équipementier automobile, seraient intéressés par cette usine pour y poursuivre la production de pièces plastiques.