Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, au conseil des ministres au Palais de l'Elysée, jeudi 18 mai. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

L’annonce, jeudi 1er juin, par Donald Trump, du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat a déclenché une vague de condamnations sur la scène internationale et suscité en France des réactions indignées.

  • Edouard Philippe dénonce une « décision calamiteuse »

Le premier ministre, Edouard Philippe, a estimé, vendredi 2 juin, sur RTL, que le départ annoncé des Etats-Unis de l’accord de Paris était « une décision calamiteuse au moins à deux titres ». D’abord « pour la planète », parce que, « alors que la gravité de ce sujet est documentée, le président des Etats-Unis décide en conscience de se retirer d’un dispositif qui avait fait l’objet d’une très longue négociation ». Ensuite, « parce qu’en prenant cette décision, il indique au monde qu’il entend essayer de régler les problèmes tout seul ».

Pour le premier ministre, la décision annoncée par Donald Trump « renforce parmi les signataires l’urgence de l’action et la nécessité de rester bien groupés, bien collectifs (…). C’est vrai de nos partenaires chinois, c’est vrai de nos partenaires indiens, c’est vrai évidemment de nos partenaires européens ».

Dès jeudi soir, Emmanuel Macron avait réagi dans un discours en anglais, jugeant que le président américain avait commis « une erreur » pour les intérêts de son pays et « une faute » pour l’avenir de la planète. « Make our planet great again », a-t-il lancé, dans une paraphrase du slogan de Donald Trump qu’il avait utilisé lors de sa campagne présidentielle (« Make America great again »).

Emmanuel Macron : "Make our planet great again"
Durée : 01:40

  • Nicolas Hulot : « Il va y avoir des renforcements d’alliances »

Le ministre de la transition écologique a estimé sur Europe 1 qu’il pouvait sortir de la décision de M. Trump « quelque chose de positif » :

« Je pense qu’il y a un axe autour de la solidarité universelle qui va se créer et peut-être un axe inattendu entre l’Europe et la Chine, l’Inde. Il va y avoir des renforcements d’alliances (…) proportionnés à la gifle qu’on a prise [jeudi] soir. »

Selon Nicolas Hulot, « des forces de rappel, dans notamment les Etats, les grandes villes (…), les acteurs économiques (…), vont peut-être se renforcer sur cette décision qui est un contresens tragique et pathétique de l’histoire ». « Ce ne sont pas tous les Etats-Unis qui ont pris cette décision, c’est un président », a-t-il souligné. « Avec nos partenaires allemands, avec nos partenaires chinois, avec l’Inde, avec certains pays européens, on est en train d’envisager ensemble, évidemment, de renforcer l’alliance », a-t-il insisté, assurant que l’accord de Paris « n’est pas mort ».

Le ministre n’a par ailleurs pas exclu de faire un déplacement aux Etats-Unis « dans les temps proches » pour « rencontrer des hommes, des femmes qui demeurent nos alliés » et « créer avec eux un axe de travail ».

  • Trump est « un président d’un égoïsme forcené » pour François Baroin

François Baroin, chef de file LR pour les législatives, a qualifié la décision de M. Trump d’« irresponsable » et de « lamentable ». Cela « montre que cette administration et ce président est d’un égoïsme forcené ». « La planète ne lui appartient pas, n’appartient pas aux puits de pétrole américains qui votent républicain dans le Texas », a-t-il souligné sur Radio Classique.

« La décision de Trump est une décision qui (…) ne prend pas conscience de la responsabilité vis-à-vis des générations futures, donc je comprends parfaitement la réaction du président français, de même que je comprends parfaitement les réactions internationales. »

« C’est un très, très mauvais coup », a appuyé Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre de l’écologie et candidate LR aux législatives. « On sait qu’il y a une urgence climatique et elle est en train de devenir une urgence politique », a-t-elle poursuivi sur RMC, soulignant qu’elle souhaitait « qu’on ait à l’Assemblée nationale des parlementaires mobilisés sur ce sujet ».

  • Laurent Fabius : « La seule réaction est la mobilisation mondiale »

Pour Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste, la décision de Donald Trump est « une agression contre notre bien commun, c’est-à-dire la planète ».

« On ne peut pas laisser passer ça », a-t-il lancé sur Europe 1, « il faut que l’ensemble des Européens (…) prennent des mesures et mènent une véritable campagne pour le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris ».

Laurent Fabius, l’ancien président de la COP21 a dénoncé une « faute honteuse et une erreur majeure ». « Ensuite c’est un lot de mensonges, et la seule réaction est la mobilisation mondiale », a-t-il dit sur France 2.

  • Marine Le Pen : « un retrait regrettable »

Marine Le Pen a publié un communiqué dans lequel elle qualifie de « regrettable » le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, « même s’il correspond à un engagement de campagne » de M. Trump. La présidente du Front national suggère de « repenser le chantier écologique en des termes plus positifs, plus concrets et plus efficaces ».

« Les grands accords internationaux ne suffiront jamais s’il n’est pas mis fin en parallèle aux politiques économiques les plus désastreuses pour la planète, à commencer par les traités internationaux de libre-échange qui poussent au moins-disant environnemental et accroissent la pollution liée aux transports. »

Le vice-président du parti d’extrême droite, Florian Philippot, a estimé sur l’antenne de RFI que l’annonce de M. Trump était « un symbole un peu désespérant » mais que sa décision « doit être respectée ».