Leo Varadkar, 38 ans, a été désigné vendredi 2 juin chef du parti irlandais de Fine Gael (centre droit). | CLODAGH KILCOYNE / REUTERS

Jeune, homosexuel et métis : Leo Varadkar, 38 ans, a été désigné vendredi 2 juin chef du parti irlandais de centre droit Fine Gael. Il écrira l’histoire lorsqu’il endossera le rôle de premier ministre dans dix jours. M. Varadkar, qui sera le plus jeune chef de l’exécutif de l’histoire du pays, a été élu à la tête du parti avec 60 % des voix face à Simon Coveney, a annoncé le parti sur Twitter.

Ces trois attributs auraient, chacun, été rédhibitoires il y a encore une génération pour quiconque voulait prétendre aux plus hautes fonctions dans ce pays de 4,6 millions d’habitants à forte tradition catholique. La prochaine arrivée au pouvoir de Leo Varadkar, 38 ans, à la place du premier ministre démissionnaire Enda Kenny, témoigne des profonds changements qui ont bouleversé la société irlandaise depuis deux décennies.

Il a été plébiscité vendredi par les parlementaires, les élus locaux et les militants du Fine Gael, qui l’ont préféré à son concurrent, Simon Coveney, actuel ministre du logement et père de trois enfants.

A la tête d’un gouvernement minoritaire, et plombé par des mesures impopulaires, Enda Kenny avait annoncé à la fin de mai qu’il allait démissionner d’ici au 2 juin, le temps de trouver un successeur à la tête de son parti et du gouvernement.

Révolution

Lorsqu’il deviendra premier ministre, le 12 juin, Leo Varadkar sera à la fois le chef de gouvernement le plus jeune de l’histoire du pays, le premier à avoir un père d’origine étrangère et le premier à être ouvertement homosexuel. Fils d’un immigré indien et d’une Irlandaise, ce médecin est devenu en 2015 le premier membre d’un gouvernement irlandais en activité à déclarer son homosexualité, lors d’une interview radio.

Une révolution en Irlande, où l’avortement reste interdit, sauf si la vie de la mère est en danger, où l’homosexualité n’a été décriminalisée qu’en 1993 et où le divorce n’a été autorisé que deux ans plus tard.

Leo Varadkar refuse cependant d’être réduit à ce rôle de pionnier. « Je ne suis pas un homme politique moitié indien ou gay ou un médecin. Ce sont juste des aspects qui font ce que je suis. Mais aucun de ces termes ne me définit en tant que tel », expliquait-il au moment de son coming out.

Premier ministre, Leo Varadkar ne devrait toutefois pas déroger à la politique de rigueur mené par son prédecesseur. Mais son arrivée au pouvoir, riche en symboles, propulse la démocratie irlandaise dans une nouvelle dimension, résolument moderne. Il pourrait profiter de l’élan pour convoquer de nouvelles élections législatives afin de tenter de renforcer la représentation de son parti au gouvernement.

Ascension météorique

Elu député en 2007 avant d’occuper plusieurs postes de ministre, Leo Varadkar a connu une ascension météorique. Né d’un père médecin originaire de Bombay et d’une mère infirmière, il a grandi avec ses deux sœurs aînées à Dublin.

Médecin généraliste, il attrape rapidement le virus de la politique, devenant conseiller municipal à 25 ans avant de faire son entrée au Parlement en 2007 avant même de devenir trentenaire. Entré au gouvernement en 2011, il a détenu les portefeuilles des transports, du tourisme et des sports, puis de la santé et enfin de la protection sociale.

En 2015, il a fait campagne en faveur du mariage entre partenaires de même sexe et d’un assouplissement des lois sur l’avortement, tout en défendant, comme la majorité du Fine Gael, des mesures d’austérité économique.