« Between Dig and Display« , exposition Alia Farid à la galerie Imane Farès. | Galerie Imane Farès

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Alia Farid est née en 1985 d’une mère portoricaine et d’un père koweïtien. On ne ferait pas état de cette origine si l’artiste n’en avait fait l’un de ses sujets en surprenant d’abord par ses tapis où sont figurées les mosquées de Porto Rico, cas inattendu de déplacement et d’hybridation des cultures. Pour sa première exposition à Paris, elle se saisit d’une autre histoire, aussi emblématique, celle du Musée national du Koweït, construit par l’architecte français Michel Ecochard dans les années 1960. L’édifice combinait modernité technique occidentale et solutions spatiales déduites de l’architecture locale. Il a été bombardé et pillé en 1991 lors de l’invasion irakienne. Alia Farid agrandit des pages de son inventaire, qui montrent des statuettes vieilles de plusieurs millénaires, découvertes en 1985 et aujourd’hui perdues. Elle fait réapparaître des fantômes, celui du musée et de sa désastreuse histoire et ceux des civilisations qui ont vécu jadis dans la région. Entre ces planches archéologiques, elle glisse comme autant de perturbations une théière aux nombreux becs verseurs, le fossile d’un jerrycan d’essence et ce qui ressemble aux restes élimés d’un niqab. Ces jeux de références et de formes, légers en apparence, sont lourds de sous-entendus.

Between Dig and Display, 41, rue Mazarine, Paris 6e. Tél. : 01-46-33-13-13. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 18 septembre. www.imanefares.com

  • Galerie Jousse Entreprise

Dans une œuvre d’Eva Nielsen, il entre de l’architecture, monumentale ou banale, militaire ou commerciale, bétonnée ou métallique. Il entre de la photographie en noir et blanc, transposée aux dimensions de la toile par la sérigraphie. Et de la peinture, avec laquelle l’artiste recouvre des zones de l’image, suivant des découpages géométriques nets, et suggère des éléments d’un paysage imprécis et comme flottant. Le regard a ainsi l’illusion de traverser un blockhaus ou une grille, à moins qu’à l’inverse il ne se heurte à des murs hostiles. Dans cette superposition de techniques, il entre des allusions à Gerhard Richter, au land art, à l’histoire militaire du XXe siècle ou encore à Gustave Courbet ou Camille Corot. Des réflexions sur les pouvoirs de l’architecture, d’autres sur les artifices de la représentation de la nature : ce sont deux manières, complémentaires, d’appréhender ces œuvres équivoques. Elles restent dans la mémoire longuement, ce qui est bon signe.

Les Fonds de l’œil, 6, rue Saint-Claude, Paris 3e. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 22 juillet. www.jousse-entreprise.com