Ils ont défilé dans le calme « contre tous les racismes et l’extrême droite » et en mémoire de Clément Méric. Cinq cent personnes, selon la préfecture de police, se sont réunis samedi 3 juin dans les rues de Paris pour se souvenir de cet étudiant de 18 ans, tué il y a quatre ans lors d’une bagarre avec des skinheads, et devenu une icône pour les mouvements antifascistes.

Aux cris de « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos » ou encore « Siamo tutti antifascisti » (Nous sommes tous antifascistes), le cortège a progressé sans incident, de République vers Gambetta.

Depuis l’émotion causée par la mort de Clément Méric, le 5 juin 2013 en plein coeur de Paris, les antifascistes manifestent chaque année à l’appel du « Comité pour Clément », créé après sa mort pour ne pas que son histoire soit oubliée, et de groupes d’extrême gauche.

Mais après le fiasco de 2016, qui avait vu la manifestation se solder par des affrontements de quelques participants avec la police, les organisateurs souhaitaient sortir de l’isolement politique. Outre la manifestation, le « Comité pour Clément » a organisé samedi une grande journée de débats, place de la République à Paris.

Créer un espace de débats

Au programme, des discussions, des ateliers et un village du livre. Trois espaces – baptisés au nom de militants antifascistes tués par l’extrême droite – ont abrité les rencontres autour des thématiques aussi variées que « Féministe Marine Le Pen ? » ; « Construire une solidarité de quartier avec les migrants » ; « L’extrême droite dans la police et les violences policières » ou encore « Etre antifasciste, réflexions et pratique ».

Clément Méric était mort après que des skins et des « antifas » s’étaient croisés par hasard dans une vente privée de vêtements aux marques prisées par les deux mouvances dans le quartier Saint-Lazare. Après des invectives, une brève bagarre était survenue dans la rue, laissant à terre l’étudiant, qui se remettait d’une leucémie.

Alors ministre de l’Intérieur, Manuel Valls avait dénoncé un « assassinat ». Puis le gouvernement avait dissous le groupuscule Troisième Voie, dont étaient issus les skinheads, et son service d’ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) dirigées par un vétéran de la mouvance, Serge Ayoub. Quatre skinheads ont par la suite été renvoyés devant la cour d’assises dans cette affaire.

« Il est important pour nous que les néo-nazis soient reconnus comme les agresseurs. Nous lançons une campagne politique sur ce procès pour créer un espace de débats et de lutte antifasciste et antiraciste », a affirmé à la foule avant le départ de la manifestation une membre du comité qui n’a pas donné son nom.