En réagissant aux attaques de Londres, samedi 3 juin, Donald Trump s’est une nouvelle fois singularisé. Le président des États-Unis leur a consacré six messages samedi soir et dimanche matin, notamment pour mettre en avant son propre agenda politique et mettre en cause le maire de Londres, Sadiq Khan.

Dans les premières heures qui ont suivi les attaques, alors que son secrétaire à la défense, James Mattis en déplacement à Singapour refusait tout commentaire en expliquant « vouloir en savoir plus », M. Trump a partagé un message publié sur Twitter par le site Drudge Report, un agrégateur conservateur controversé, évoquant une piste terroriste. La Maison blanche n’avait alors publié aucune réaction officielle et la chaîne NBC a refusé de publier le message partagé par M. Trump en expliquant qu’il relayait des informations non confirmées.

Avant d’exprimer sa solidarité avec le Royaume-Uni, le président des États-Unis a ensuite publié un message demandant à la justice américaine de « rendre [leurs] droits » aux Américains, en jugeant plus que jamais nécessaire l’interdiction du territoire américain à des ressortissants de six pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Aucune information n’avait alors été donnée de source officielle sur l’identité des assaillants. Ce décret présidentiel a été bloqué par des juges fédéraux puis par des Cour d’appels.

Mise en cause de Sadiq Khan

L’injonction de M. Trump concernant le Travel ban est d’autant plus surprenante que le ministère de la justice a demandé à la Cour suprême de s’en saisir le 1er juin. La plus haute instance juridique des États-Unis, qui sera en vacances à la fin du mois de juin, ne pourra le faire qu’à l’automne. Une décision de sa part n’est donc pas attendue avant de longs mois.

Dimanche matin, M. Trump s’est à nouveau exprimé, en demandant de manière elliptique la fin d’un « politiquement correct » qui affaiblirait selon lui « la sécurité de notre peuple ». Il a ensuite mis en cause le maire de Londres en publiant une citation tronquée de l’édile. Sadiq Khan avait déjà été attaqué par le fils aîné du président, Donald Jr., en mars, après un premier attentat.

Une réactivité subjective

Le président a enfin publié un autre message surprenant pointant l’absence de débat sur les armes à feu parce que selon lui les assaillants ont eu recours à un véhicule et à des couteaux. Après les attaques de Paris, en novembre 2015, M. Trump, alors candidat à l’investiture républicaine, avait assuré qu’un libre accès aux armes à feu en France aurait réduit le nombre des victimes.

La réactivité de M. Trump n’est pas nouvelle. Le 1er juin, dans son discours annonçant le retrait des États-Unis de l’accord de Paris contre le réchauffement climatique, il avait ainsi déploré une attaque qualifiée de « terroriste » aux Philippines qui venait tout juste de survenir. L’enquête a montré par la suite qu’il n’en était rien.

Cette réactivité est cependant subjective. Le président des États-Unis a ainsi attendu quatre jours pour dénoncer une attaque islamophobe qui a causé la mort de deux personnes dans l’Oregon, le 26 mai. Cette condamnation a été publiée sur Twitter sur son compte officiel de président des États-Unis, qu’il utilise peu au contraire de celui, personnel, qui a fait sa réputation sur les réseaux sociaux.