A Londres, le 6 juin. | ODD ANDERSEN / AFP

La police de Londres a dévoilé mardi 6 juin l’identité du troisième terroriste de l’attentat de London Bridge. Il s’agit de Youssef Zaghba, un Italien d’origine marocaine, âgé de 22 ans, qui habitait dans l’est de Londres. Une photo le montre les cheveux mi-longs, sans barbe, ressemblant davantage à un étudiant à la mode qu’au portrait-robot d’un djihadiste.

L’information, révélée initialement par le quotidien italien Corriere della Sera, a une nouvelle fois soulevé des questions sur de possibles failles dans la surveillance antiterroriste. La police britannique et le MI5, les renseignements intérieurs, affirment qu’ils ne connaissaient pas Zaghba. Pourtant, les autorités italiennes assurent qu’elles l’avaient fiché et avaient partagé l’information avec Londres. Elles le soupçonnaient d’avoir cherché à rejoindre la Syrie.

Le 15 mars 2016, selon le Corriere della Sera, Zaghba était à Bologne avec sa mère. Il lui annonce qu’il part pour Rome. En fait, il se rend à l’aéroport de Marconi, où il est contrôlé, en partance pour Istanbul avec un billet aller-simple. Dans son téléphone, les autorités italiennes trouvent de la propagande pour l’Etat islamique et des images de drapeaux de l’organisation terroriste. La vidéo d’une décapitation dans le désert est également dans la mémoire. Les autorités lui interdisent d’embarquer dans l’avion, confisquent son passeport et son téléphone, et l’inscrivent sur la liste des personnes à risque.

Toujours selon le quotidien italien, la mère de Zaghba, Valeria C., aurait longuement remercié les autorités italiennes d’avoir empêché le départ de son fils. Cette dernière est une Italienne, convertie à l’islam, qui a vécu avec son mari au Maroc, avant de s’en séparer et de s’installer à Bologne.

Un drapeau de l’EI à Regent’s Park

Ensuite, les explications manquent. Comment Zaghba est-il arrivé à Londres ? Sous quel nom ? Pourquoi ne figurait-il pas dans les fichiers des autorités britanniques, alors que les informations de ce type sont censées circuler entre les pays européens ? Selon le Corriere della Sera, les autorités italiennes avaient informé les Britanniques du cas du jeune homme.

Avec la révélation de son nom, l’identité des trois terroristes de l’attentat de London Bridge, tous abattus par la police, est désormais connue. Les deux autres sont Rachid Redouane, 30 ans, qui était d’origine marocaine et libyenne, et Khuram Shazad Butt, 27 ans. Tous habitaient l’est de Londres.

Leur identité soulève de nombreuses questions. Si Redouane était inconnu des autorités, Butt avait fait l’objet d’une enquête en 2015. Il fréquentait un groupe d’extrémistes connu de l’est de Londres, ne cachait pas ses opinions et faisait du prosélytisme auprès des jeunes du quartier. Il était même apparu brièvement dans un documentaire consacré aux islamistes britanniques, en train de prier devant le drapeau de l’organisation Etat Islamique à Regent’s Park, dans le centre de Londres. Une séquence le montre quelques minutes plus tard s’en prenant verbalement à un agent de police, qui cherchait à saisir l’étendard. Mais la police avait cessé sa surveillance de Butt, estimant qu’il ne présentait pas de danger immédiat.

La police britannique se défend en rappelant l’ampleur de la tâche. Elle a, dans ses fichiers, 3 000 personnes d’intérêt, et mène en permanence 500 enquêtes en parallèle.