Le palais royal, à Oslo, en Norvège. | CC BY 2.0 / roger4336

En compétition avec Lahti (Finlande), Tallinn (Estonie), Gand (Belgique) et Lisbonne (Portugal), la capitale norvégienne a été désignée, le 2 juin, capitale verte de l’Europe grâce à son approche globale du développement durable, intégrant la biodiversité, les transports en commun, la cohésion sociale, la santé publique et l’implication des citoyens. Entretien avec Lan Marie Nguyen Berg, maire adjointe à l’environnement et aux et transports.

Oslo sera capitale verte de l’Europe en 2019. Qu’est-ce que cela signifie ?

C’est très important que la Commission européenne reconnaisse nos efforts. Cela requiert du courage politique. Il y a trois ans, la coalition composée des sociaux-démocrates, des Verts et du Parti socialiste a remporté les élections avec un programme ambitieux pour lutter contre les changements climatiques. Nous nous sommes engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici 2020 et de 95 % d’ici 2030, à condition d’obtenir un système de capture du carbone pour notre usine d’incinération. Selon les chercheurs norvégiens, c’est l’objectif le plus ambitieux du monde. Il est aussi aligné sur l’accord de Paris et l’objectif de limiter la hausse des températures à 1,5 °C.

Que représente la décision du président américain Donald Trump de retirer son pays de l’accord de Paris ?

« 70 % de la population mondiale vit en ville. Les villes doivent donc êtres des leaders pour limiter le réchauffement climatique »

Lors des négociations sur le traité de Kyoto, déjà, la communauté internationale a essayé d’adapter la politique climatique mondiale aux volontés américaines. Puis les Etats-Unis se sont retirés de l’accord à la dernière minute. La décision de Trump va surtout créer des problèmes pour son pays. Mais elle renforce encore un peu plus le rôle des villes et des régions. Si les maires et les gouverneurs américains continuent de faire le maximum pour réduire les émissions, le pas en arrière de Trump ne sera pas aussi conséquent.

Pourquoi est-ce si déterminant ?

70 % de la population mondiale vit en ville. Les villes doivent donc êtres des leaders. Elles font partie du problème, mais peuvent être aussi une solution. Elles font toutes face aux mêmes défis. La plupart de nos émissions proviennent des transports et du chauffage et nous savons qu’elles doivent baisser si nous voulons atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Les villes montrent la voie. Si nous appliquons les solutions qu’elles mettent au point, nous pourrons limiter le réchauffement climatique.

Comment expliquez-vous que les villes avancent plus vite que les Etats ?

Je pense que c’est dû à l’étroite connexion entre la baisse des émissions et l’amélioration de la qualité de vie dans les villes. Les habitants se rendent compte que ce n’est plus durable que chacun prenne sa voiture pour se rendre au travail : cela pollue, engendre des problèmes de qualité de l’air et prend de l’espace. C’est aussi dangereux pour les passants et les vélos que cet espace ne soit pas mieux distribué.

Quel impact les villes peuvent-elles avoir sur la politique nationale ?

Les citadins sont en général plus prompts au changement. Ils peuvent faire avancer la lutte contre les changements climatiques, en poussant pour que leurs villes soient leaders et en influençant ainsi l’agenda national. C’est ce que nous avons constaté, depuis que nous avons été élus à Oslo. Nous avons réussi à influencer le débat politique et les discussions au sein de la coalition gouvernementale. C’est d’autant plus important que la Norvège est le seul pays en Europe qui a augmenté ses émissions depuis 1990, quand les autres les réduisent rapidement. Au lieu d’agir, nous avons acheté des quotas d’émission. Les Norvégiens avaient besoin de voir qu’il est aussi possible de réduire les émissions dans leur pays.

Oslo ne compte que 660 000 habitants. Que répondez-vous à ceux qui disent que ses efforts ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer ?

Oslo est une petite capitale européenne. Mais c’est une ville de taille moyenne. Ses solutions peuvent être réduites ou élargies, et utilisées dans des villes de tailles diverses. Nous faisons partie de nombreux réseaux internationaux. Cette coopération est très importante, car elle nous permet d’échanger. Récemment, nous avons accueilli des élus locaux américains et l’ancien ministre des transports des Etats-Unis. Nous avons discuté des incitations que nous pourrions mettre en place pour accélérer la lutte contre les changements climatiques. Quand on voit la stupidité avec laquelle Trump agit aujourd’hui, nous serons heureux de les accueillir de nouveau, y compris dans le cadre de la capitale verte de l’Union européenne en 2019.