Files d’attente aux caisses d’un supermarché de Doha, le 5 juin. | AP

Le blocus économique anti-Qatar, décrété lundi 5 juin par les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, a déclenché une ruée sur les supermarchés dans le petit émirat gazier. Affolés par la perspective de pénuries, les habitants se pressaient devant les caisses enregistreuses, poussant des Caddie remplis à ras bord de victuailles. L’essentiel de l’approvisionnement alimentaire du pays, une presqu’île désertique à peine plus grande que la Corse, provient de l’extérieur.

L’Arabie saoudite ayant décidé de boucler sa frontière avec son voisin – la seule route terrestre vers Doha – fréquentée chaque jour par près de 800 camions, le risque est important que des produits viennent à manquer dans les magasins d’alimentation. « La voie maritime ne pourra pas vraiment se substituer à la voie terrestre, car le grand port de fret qui a été construit au sud de Doha n’est pas encore opérationnel, fait remarquer Andreas Krieg, spécialiste des questions de sécurité dans le Golfe. Les gros navires à destination de Doha déchargent dans le port de Dubaï, aux Emirats arabes unis. »

Ravitaillement mis en péril

L’impact sur la population, estimée à 2,3 millions de personnes – dont 10 % de citoyens qataris et 90 % de travailleurs étrangers –, pourrait être d’autant plus fort qu’en période de ramadan les dépenses en nourriture augmentent en flèche. « Personne ne va mourir de soif dans les rues de Doha, mais pour les Qataris, qui ne sont pas franchement habitués à se priver, la période risque d’être compliquée », prédit Andreas Krieg.

Le blocus, s’il se poursuit plusieurs semaines, pourrait affecter aussi le ravitaillement de l’émirat en matériaux de construction et donc ralentir certains chantiers en cours, à commencer par ceux des stades de la Coupe du monde de football 2022, dont le pays a obtenu l’organisation. La décision de l’Arabie, du Bahreïn et des Emirats de fermer leur espace aérien aux vols de la compagnie nationale qatarie, Qatar Airways, risque d’obliger celle-ci à rallonger ses vols, ce qui pourrait nuire à sa rentabilité. Autre conséquence fâcheuse : les Qataris désireux d’accomplir l’omra, le petit pèlerinage à La Mecque, dont la saison culmine durant le mois de jeûne, devront passer par le Koweït.

Pour éviter que la panique se répande, le gouvernement du Qatar a publié lundi un communiqué assurant qu’il prendra « toutes les mesures nécessaires pour (…) mettre en échec les tentatives de nuire à sa population et son économie ». L’annonce n’a pas convaincu la Bourse de Doha, qui a terminé lundi en baisse de près de 8 %.