Avec les beaux jours, la situation se tend à la frontière entre la France et l’Italie où plus d’une centaine de migrants arrivent chaque semaine. Les associations Roya citoyenne et Tous Citoyens ! ont réclamé, mardi 6 juin, au gouvernement la désignation d’« un médiateur » face à l’afflux de migrants africains et à l’« inaction » des pouvoirs publics locaux.

« On demande au ministre de l’intérieur de nommer un nouveau préfet ou un médiateur », a déclaré Cédric Herrou, l’un des porte-parole de Roya citoyenne, lors d’un point presse devant la gare de Nice où il accompagnait 80 migrants, en majorité soudanais, pour les aider dans leur pré-demande d’asile. Parmi eux, Ali Ridwan Faize, 20 ans. Ce fils d’enseignant, s’exprimant en anglais, a expliqué avoir fui les combats dans sa région du Nil Bleu en 2015, via la Libye.

C’est la troisième fois en quinze jours que des dizaines de migrants viennent à Nice commencer une démarche d’asile, sans pouvoir s’abriter ailleurs que dans un parc fermé le soir. « On attend que l’Etat joue son rôle », a interpellé Cédric Herrou. « Les gens ne sont pas des cartons, des paquets, ils doivent être traités en tant que personnes ». « On ne peut pas continuer comme çà (...). On veut un centre d’accueil », a renchéri Mireille Damiano, avocate de l’association.

« Je fais le rôle de l’Etat »

Jointe par l’AFP, la préfecture a confirmé avoir reçu une demande d’audition interassociative, sans suite pour l’instant. « Le préfet [condamné fin mars pour atteinte au droit d’asile] ne joue pas son rôle. On demande une vraie concertation (...). On risque d’avoir un flux continu durant l’été ; comment allons-nous faire ? », a interrogé le militant David Nakache.

Depuis fin 2015, la frontière franco-italienne est fermée et les contrôles sans cesse renforcés, y compris la nuit, les forces de l’ordre intervenant avec des équipements infra-rouges et un drone. Il arrive néanmoins « 120 à 150 migrants par semaine en ce moment », selon Roya citoyenne, devenue la cible de critiques du Front national et de la droite locale.

« Chez moi c’est devenu un camping. Je fais le rôle de l’Etat et je me fais insulter par beaucoup de politiques », a déploré Cédric Herrou, qui a croisé mardi le candidat FN aux législatives, Olivier Bettati, en gare de Breil-sur-Roya, « venu dire que j’étais un passeur ». « Il faut que les gens comprennent que la gestion d’une migration se fait par l’accueil », complète l’agriculteur. Paradoxalement, « les seules personnes dont on sait qu’elles arrivent sont celles que nous encadrons », dit-il.

Le 19 juin, Cédric Herrou sera rejugé en appel à Aix-en-Provence à la demande du parquet de Nice, qui le poursuit pour aide à l’immigration clandestine. En février, il a été condamné à une peine légère d’amende avec sursis.