A l’université Aix-Marseille : la bibliothèque du campus Saint-Charles | CAMILLE STROMBONI/CC BY-ND 2.0

« Vers 13 heures, des rumeurs ont circulé sur le fait qu’il y avait déjà les réponses sur APB », raconte Sabrina, qui s’est alors précipitée vers son ordinateur, alors que les premiers résultats sur la plate-forme Admission post-bac (APB 2017) étaient annoncés pour 14 heures, jeudi 8 juin. Comme elle, de nombreux candidats, ainsi que des parents, ont répondu à l’appel à témoignages du Monde.fr pour faire part de leur satisfaction ou de leur déception, l’une et l’autre se mêlant lorsqu’ils sont placés sur liste d’attente pour tout ou partie de leurs vœux d’orientation vers les études supérieures.

« J’avais mis en premier vœu la licence de droit à l’université la plus proche de chez moi, donc il n’y avait aucune raison que je sois refusée. Mais ça fait toujours plaisir de voir la case “oui définitif” à côté de ce vœu numéro 1. J’ai donc directement cliqué (après avoir lu bien évidemment les conditions) sur ce “oui définitif” pour confirmer. Il ne me reste plus qu’à avoir mon bac et me voilà à la fac... », explique Sabrina.

« Il faut croire en ses rêves »

Pour d’autres, le suspense était plus grand. Comme Salomé, élève en terminale ES, dont le premier vœu était « une double licence franco anglaise en droit européen en parallèle sur Toulouse et Essex. Il s’agit d’une licence très sélective (30 places pour à peu près 900 demandes). Je n’étais pas du tout confiante face aux résultats, bien que mon oral se soit très bien passé. En effet, bien que très motivée, je ne suis pas bilingue, et je n’ai pas étudié dans un lycée international, contrairement à de nombreux élèves de cette licence ». C’est donc une « excellente surprise » qu’a eu Salomé quand elle a découvert qu’elle y était admise. « Si j’avais un conseil pour tous ceux qui utiliseront APB l’année prochaine, c’est de ne pas se laisser décourager, de croire en ses rêves, car si on montre une très grande motivation que ce soit pendant les entretiens, s’il y en a, ou à travers la lettre de motivation, il n’y a pas de raison que vous ne soyez pas pris », explique-t-elle.

Emma a aussi reçu une réponse favorable en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), son premier vœu, pour laquelle le nombre de demandes excède largement celui de places : « J’ai bien réagi à la lecture des résultats, étant toutefois stressée car la filière STAPS et une filière dite « sous tensions » avec tirage au sort », témoigne-t-elle. Candidat au bac STMG (l’une des séries du bac technologique), Marius, de son côté, se réjouit d’avoir été admis dans la moitié de ses choix sélectifs : « J’ai fait un total de 8 vœux, 4 en BTS SIO et 4 en IUT informatique. J’ai été refusé dans les 4 IUT et accepté dans les 4 BTS ».

« Je n’ai plus la force de réviser pour mon bac »

« Après avoir passé des heures à constituer une liste de vœux d’une longueur monstrueuse, sortir de table et apprendre qu’on est pris dans une prépa autre que celle dans laquelle on pensait être pris (où on sera au final refusé) est une joie et une surprise immense », dit aussi Loup, qui a décroché son deuxième choix. « Tous ces entretiens, ces concours dont on n’aura jamais les résultats laissent quand même une certaine insatisfaction, après avoir pourtant fait plusieurs centaines de kilomètres pour certains », ajoute-t-il. L’élève de Terminale en Sciences de l’Ingénieur s’interroge cependant sur APB : « Son interface austère et inquiétante en aura stressé plus d’un. Voir certains d’entre nous traverser le self en hurlant de joie et d’autres s’effondrer, déçus par la décision d’APB de ne pas leur offrir l’avenir qu’ils souhaitaient, est une expérience particulière. Certains sont élus, d’autres pas. »

Beaucoup d’autres candidats n’ont en effet pas obtenu ce qu’ils voulaient. « J’avais effectué 23 vœux. J’ai malheureusement été acceptée à mon 22e, que je ne souhaitais pas forcément. Malgré mon acharnement pour faire plein de lettres de motivation et demander des facs et des BTS, je n’ai même pas été acceptée », regrette Océane. « Je rêve de pouvoir aller en fac de psychologie à Lyon, mais il y a beaucoup de demande en vœux 1. Je suis dégoûtée, je n’ai plus la force de réviser pour mon bac, ça m'a bouleversée », explique-t-elle.

Listes d’attente

Pour beaucoup, le sort n’est pas encore jeté, et l’attente commence, avec l’espoir de décrocher une place correspondant davantage à leurs désirs lors de la deuxième phase d’admission, le 26 juin. Avec parfois un certain désarroi : « Je suis en liste d’attente sur quasiment mes 19 premiers vœux, et ai reçu une proposition sur le 20e vœu. Il n’y a aucune information sur mon classement dans cette liste d’attente », déplore Elise. Les chances s’annoncent plus minces encore pour Gustav, élève de terminale à Lyon, sur liste d’attente pour une seule des six prépas commerciales qu’il avait demandée, et encore, celle-ci est à Marseille et il s’y est déjà vu refuser l’internat : « J’ai peut-être visé trop haut mais je ne m’attendais pas à essuyer un revers aussi dur », commente-t-il.

Thibault, qui avait « tant attendu ce moment », n’a été admis qu’à son onzième vœu, en prépa littéraire. « Mais, relativise-t-il, j’ai ensuite ressenti une vague de soulagement d’avoir évité le pire : n’être pris nulle part, comme certains de mes amis ; d’autant que la prépa littéraire offre un enseignement riche et cohérent avec mon projet professionnel. En outre, je suis tout de même sur liste d’attente pour mon premier voeu (double licence droit géographie de Paris) et mes deuxième et cinquième vœux, ce qui me donne de l’espoir pour la prochaine phase d’admission, que j’attends avec impatience ».

Certains prennent d’autant plus de recul qu’ils ont prévu un plan B. Comme Emir, admis dans une prépa et qui préfère attendre si une autre, qu’il préfère, se décide à le prendre. Avec un autre projet, « idéal », derrière la tête : « en cas de mention très bien au bac je suis accepté à l’École Polytechnique fédérale de Lausanne».

« Tout ça à cause du tirage au sort ! »

Une forte amertume domine néanmoins, devant des refus sans recours, difficiles à accepter, et parfois même à comprendre. Comme Antoine : « Refusé dans 12 STAPS alors que ma réelle passion est le sport… Tout ça à cause du tirage au sort. Le plus dur c’est de me dire qu’au moins 1/3 des étudiants de première année n’ont rien à faire dans cette filière et vont abandonner au bout d’un semestre ! Révoltant ». Ou bien Florian : « J’ai, suite à un échec en Bac pro, voulu retenter ma chance avec un DAEU (diplôme qui permet d’accéder aux études supérieures sans le bac) pour ensuite espérer intégrer un DUT production/informatique. Or sur 13 demandes en DUT, les 13 ont été refusées. C’est bien beau de proposer des équivalences au bac si, c’est pour n’avoir aucune suite d’études a posteriori. Grande déception ». De son côté, William, étudiant en réorientation, voit comme l’an dernier le train d’APB lui passer devant, sans qu’il puisse y monter : « La formation en BTS commerce international me passe encore sous le nez. Je vais donc sûrement perdre une année de plus ou bien trouver le moyen d’étudier par moi-même ».

« Élève en terminale ES, j’avais demandé une licence en Sciences Politiques à La Sorbonne, ainsi que le vœu groupé de droit, et en pastille verte géographie/aménagement. Je suis scolarisé dans l’académie de mes demandes d’université, et je n’ai pourtant reçu aucune proposition d’admission, ni pour les Sciences Politiques, le droit ou même ma pastille verte », détaille Edouard, qui fait part de son « incompréhension ».

Fier de sa progression en terminale ES, Tommy est également très déçu de n’avoir pas accepté dans la classe préparatoire qu’il avait demandé en premier choix. Il commençait à se projeter dans cet avenir exigeant et prometteur… « Mais quand t’es devant ton écran et que tu vois que tu es refusé, tu vois les choses autrement. Tu te demandes ce que tu aurais pu faire de si mal pour échouer, tu dois subir ta propre colère contre toi-même et contre tous tes amis qui sont bien au chaud dans leurs premiers choix, tu dois expliquer à tes parents que tu les as fait rêver pour rien. Et enfin tu dois enlever toutes ces mauvaises pensées pour te concentrer sur ton Bac », explique-t-il. « Tu te sens rabaissé par ces trois lettres : « APB ». Et pour finir, au lieu de réviser ton chapitre d’économie, tu perds du temps à écrire un témoignage de ton après-midi sur Le Monde Campus », conclut le lycéen marseillais.

Bac 2017 : « Le Monde Campus » aide les lycéens, depuis les révisions jusqu’aux résultats

Le Monde Campus accompagne les candidats au bac 2017 (bac S, bac ES, bac L et bac STMG), depuis les révisions jusqu’aux résultats, le 5 juillet. Durant l’examen, du 15 au 22 juin, nous publierons chaque jour les sujets et leurs corrigés en vidéos.

Vous retrouverez dans l’article ci-dessous, qui sera régulièrement actualisé : toutes les infos pratiques (dates et calendrier complet des épreuves, coefficients) ; des sélections de sites web, des conseils de révisions et de méthodologie dans les différentes matières, ainsi que des résumés de cours en vidéo, en partenariat avec Les Bons Profs ; le best-of des sujets probables du bac ; et, pour s’entraîner, des quiz et les sujets présentés au bac 2016 et en avril 2017 à Pondichéry.

Trois journées spéciales de directs informeront et conseilleront les candidats au bac et leurs proches : un « live » de révisions (mercredi 31 mai après-midi) ; un « live » le premier jour des épreuves (jeudi 15 juin : philosophie le matin, français pour les élèves de première l’après-midi) ; et enfin un « live » pour les résultats (mercredi 5 juillet).

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