Des lycéens tunisiens passent le baccalauréat, le 4 juin 2014. | FETHI BELAID / AFP

Brouilleurs d’onde, vidéosurveillance, détecteurs de métaux et même cyberpoliciers… il ne s’agit pas du dernier roman policier en vogue, mais du dispositif mis en place par le gouvernement algérien pour lutter contre la fraude au baccalauréat, qui débute dimanche 11 juin pour 700 000 candidats.

Lors du bac 2016, des dizaines de cadres, d’enseignants et de responsables de centres d’examen avaient été arrêtés, soupçonnés d’avoir fait fuiter des sujets, certains ayant été diffusés sur les réseaux sociaux avant les épreuves, obligeant plus de la moitié des candidats à devoir repasser certains écrits. Pour se prémunir d’autres fuites, les autorités étaient allées jusqu’à bloquer l’accès aux réseaux sociaux dans tout le pays, la veille et pendant les épreuves. Plus de 1 000 candidats avaient par ailleurs été exclus des salles d’examen pour y être entrés avec un téléphone portable. Le premier ministre de l’époque avait dénoncé une « atteinte à la sécurité de l’Etat ».

« Reflet de la corruption »

Si la ministre de l’éducation algérienne, Nouria Benghabrit, a écarté cette année le blocage des réseaux sociaux, d’importants moyens ont néanmoins été mis en place pour éviter un nouvel épisode de tricherie à grande échelle. Des brouilleurs de télécommunications et des caméras de vidéosurveillance ont été installés dans les centres d’impression des sujets. Les sites d’examen seront privés de Wi-Fi et d’accès à Internet, et le ministère a précisé que tous les candidats seront soumis à l’entrée au « détecteur de métaux et d’appareils électroniques ». Plus question également de diffuser les sujets sur Twitter ou Facebook, puisque « des équipes spécialisées dans la lutte contre la cybercriminalité » ont été dépêchées par la direction générale de la sûreté nationale, afin de « suivre les activités des utilisateurs des réseaux sociaux ».

Pour Meziane Meriane, enseignant et dirigeant syndical, le problème de la fraude massive au baccalauréat est symptomatique d’une société algérienne qui encourage « la réussite au moindre effort ». La triche est devenue une pratique courante et généralisée, de l’école à l’université. Idir Achour, enseignant dans un lycée de Bejaïa, voit dans ce phénomène « le reflet de la corruption qui existe dans la société » algérienne. Et ce n’est pas Sofiane, lycéen de 17 ans, qui viendra le contredire : les détecteurs de métaux à l’entrée des centres d’examen lui rappellent les « portes »  permettant de passer d’un monde à l’autre dans le film de science-fiction Stargate. Les candidats devront « franchir le vortex pour entrer dans un monde sans triche. Un monde virtuel », ironise-t-il.