Une soirée banale à Tokyo, année 2042. Assis devant la télévision, on regarde distraitement les images, quand les mots « Breaking News » barrent l’écran : un meurtre vient d’être commis en ville. Les médias annoncent être en direct du domicile du suspect et les lieux semblent vaguement familiers. Et pour cause : c’est le visage pixelisé du héros qui fait les gros titres.

Echappant de peu aux forces de l’ordre, il est sauvé par un mystérieux inconnu. Mais malgré ses cheveux blonds et ses yeux bleus, le dénommé Tycho n’est pas exactement le prince charmant. Pour pouvoir comprendre comment on s’est retrouvé accusé injustement de meurtre, il nous annonce qu’il faudra… tuer.

Dystopie cyberpunk

Un choix de carrière d’autant plus paradoxal que Tokyo 42, sorti le 31 mai sur PC et Xbox One, prend place dans un monde futuriste où la mort a été effacée du tableau. Tout cela grâce aux Nano Med, gélules rose et bleu dont les pubs sont placardées partout en ville et qui rendent insensibles à tout, même aux balles. D’Umbrella Corp à Abstergo, les multinationales ont rarement le beau rôle dans les jeux vidéo : Nano Med fera-t-elle exception ? C’est ce qu’il va falloir découvrir, en travaillant pour des assassins tokyoïtes hauts en couleur.

En tout, le jeu compte 25 missions principales, et plus du double de missions secondaires. Durant plusieurs heures, le joueur va tour à tour provoquer un affrontement entre punks et nudistes, assister au meurtre de Charlie (oui, celui que l’on passe son temps à chercher) et assassiner, pêle-mêle, un chef mafieux ou maître de yoga en plein cours. Le joueur a le choix des armes et il y en a pour tous les goûts : katana, club de golf, pistolet-mitrailleur, grenade voire régime de bananes. Côté accessoire, vous pourrez compter sur un chat qui détecte les ennemis, des jumelles et un manteau – parce que ça fait classe.

Tokyo 42 - Coming to PC, Xbox One and PlayStation 4!

Le syndrome de l’angle mort

Comme souvent, vous pouvez choisir entre l’infiltration discrète ou vous jeter dans la mêlée, pistolet en avant. On est rapidement dissuadés de choisir la deuxième option, après s’être pris une volée de tirs nourris par une dizaine d’ennemis enragés.

Jongler entre les 8 angles de caméra, la visée et le tir, requiert un minimum de dextérité et de patience. On en arrive souvent à tirer dans tous les sens dans un joyeux fouillis. D’autant que la visée, qu’il faut constamment ajuster, efface la vision proche : il arrive alors que notre personnage se perde dans un angle mort et disparaisse de l’écran. Ce qui, en plein affrontement, amène souvent le joueur à se jeter involontairement dans les bras de l’ennemi.

Sans être d’une difficulté insurmontable, le jeu ne pardonne pas l’erreur et pousse à élaborer une stratégie. De quoi être fier, quand on parvient à terminer une mission en obtenant le rang maximal. Si le principe reste souvent le même, accéder à une cible et l’éliminer, les concepteurs ont voulu intégrer des variantes dans le gameplay, en proposant des missions à moto ou des courses type « parkour ». De quoi alterner entre action et exploration. Quitte à ce que cette dernière soit la plus jouissive des deux.

L’assassin sur le toit

Le jeu laisse volontairement une grande liberté, sans prendre le joueur par la main pour qu’il sache quelles missions effectuer et dans quel ordre – de quoi donner des envies de se perdre dans le décor. Littéralement. Tokyo 42 ne se prive pas de nous en mettre plein la vue isométrique.

Tout se passe sur les toits des immeubles de la ville. Du monde caché sous le tapis de nuages, on ne verra pas la couleur. Sans être immense, la carte privilégie la hauteur à la largeur : le joueur peut dévaler les escaliers, sauter en bas d’un immeuble de dix étages en une demi-seconde, chercher le bon chemin pour accéder à un item ou une cible.

Seul bémol, la caméra trouble l’évaluation des distances, rendant parfois les sauts et le principe du parkour un peu frustrant. On pense souvent sauter vers un objet ou un immeuble de manière certaine pour finalement passer à côté et finir tragiquement dans le vide. Heureusement, notre personnage ne réapparaît jamais loin, grâce aux innombrables machines à café servant de point de sauvegarde.

Pour la décoration, les statues géantes de chats porte-bonheur côtoient les sculptures avant-gardistes et les immeubles bardés de néons lumineux en forme de dragons. Les missions nous amènent à traverser aussi bien un temple japonais, qu’un labyrinthe ou un jardin zen grouillant de vie. Malgré le thème, le jeu veut conserver un univers quasi-enfantin, des couleurs fluo jusqu’à la musique électro à base de synthé.

Un parfum assez old-school parfaitement assumé : pour ses créateurs, Sean Wright et Maciek Strychalski, Tokyo 42 est à mi-chemin entre GTA et Syndicate. S’il reprend en effet le monde cyberpunk et le thème de la manipulation psychologique de ce dernier et le principe de se faire un nom dans le milieu du crime via des missions comme dans GTA, il peut aussi s’attribuer des influences plus récentes comme Hitman, Monument Valley, Hotline Miami ou Fez. Une première plutôt réussie donc pour Smac Games, qui arrive à faire oublier ses défauts par un visuel enchanteur.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • Le décor magnifique

  • La liberté de sauter sur les toits

On n’a pas aimé :

  • La caméra qui rend certains atterrissages et affrontements complètement aléatoires

  • Des missions un peu répétitives

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous élaborez des stratégies pour trouver le trajet le plus court sur le plan du métro

  • Vous avez une dent contre les industries pharmaceutiques

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous êtes du genre à foncer dans le tas

  • Mourir de manière répétée nuit à votre moral

La note de Pixels

3 sauts réussis sur 5