Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort. | AMELIE QUERFURTH / AFP

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, jeudi 8 juin, avoir laissé inchangés ses taux directeurs – référence pour le crédit en zone euro – à leur plus bas niveau historique depuis plus d’un an. L’institution de Francfort ne touche pas non plus à son vaste programme de rachats de dettes.

L’institut a par ailleurs laissé à 0,25 % son taux de prêt marginal, auquel les banques empruntent pour vingt-quatre heures à ses guichets. Le taux de dépôt au jour le jour, porté en territoire négatif pour la première fois de son histoire en juin 2014, a quant à lui été maintenu à – 0,40 %. Ce qui signifie que les banques confiant à la BCE et aux autres banques centrales de l’Eurosystème leurs liquidités en excès pour 24 heures doivent s’acquitter d’une taxe.

La fin du « biais accommodant »

Dans l’immédiat, la BCE maintient donc sa politique de soutien vigoureux à l’économie et poursuit son vaste programme de rachats d’obligations publiques et privées au rythme de 60 milliards d’euros par mois. Une hausse des taux ne pourra intervenir que « bien après » la fin de ce programme lancé en 2015, a-t-elle aussi confirmé.

Mais la BCE, qui a exceptionnellement tenu sa réunion de politique monétaire à Tallinn (Estonie), a également fait savoir qu’elle n’envisageait plus de baisse supplémentaire de ces taux, qui « resteront à leurs niveaux actuels sur une période prolongée », une légère inflexion de discours.

« Le biais accommodant » de la politique monétaire « a disparu », a analysé ainsi Carsten Brzeski, de la banque ING, estimant que la BCE avait livré, en termes de communication, « un avant-goût de ses premiers pas » vers un abandon de sa politique de rachat d’actifs.

« Nous estimons que les risques sur les perspectives de croissance sont désormais globalement équilibrés », a déclaré à la presse le président de la BCE, Mario Draghi. Une formule très codifiée qui marque un infléchissement par rapport aux « risques de dégradation » évoqués ces derniers mois, et un signal supplémentaire vers un possible virage de la politique monétaire.

La BCE a profité de sa réunion de politique monétaire pour mettre à jour ses prévisions macroéconomiques : pour cette année, elle table sur une augmentation de 1,9 % du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro, alors qu’elle prévoyait 1,8 % jusqu’à maintenant. Les prévisions de croissance ont également été relevées, de 0,1 point, à 1,8 % en 2018 et à 1,7 % pour 2019.