Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) est la troisième région forestière avec 1,5 million d’hectares de forêt, soit 9 % de la surface boisée du pays. AFP PHOTO / GUILLAUME SOUVANT / AFP PHOTO / GUILLAUME SOUVANT | GUILLAUME SOUVANT / AFP

« L’étude d’impact n’est pas proportionnée à l’importance et à la nature du projet ». C’est en ces termes que le tribunal administratif de Marseille a annoncé, jeudi 8 juin, l’annulation de l’autorisation d’exploitation de la plus grande centrale biomasse de France, à Gardanne (Bouches-du-Rhône).

Calibrée pour brûler des centaines de milliers de tonnes de bois par an, cette centrale, détenue par le groupe allemand Uniper, est un projet-clé du département en matière d’énergie. Cette usine de conversion du charbon à la biomasse, dont l’autorisation avait été délivrée par le préfet en 2012, répondait à l’appel d’offres lancé en 2011 par l’Etat afin d’atteindre son objectif de 23 % d’énergies renouvelables d’ici à 2020.

Volumes de bois importants

D’une puissance de 150 mégawatts, la centrale biomasse de Gardanne représente un investissement de 250 millions d’euros et génère selon son exploitant 80 emplois directs. Elle doit fournir à terme 6 % de la production d’électricité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en consommant 850 000 tonnes de bois par an, pour moitié des déchets, pour moitié du bois issu de coupes forestières.

Des volumes qui ont provoqué l’inquiétude dans la région, bien qu’au démarrage de la centrale, il soit prévu que 55 % de la ressource soit importée. Les parcs régionaux du Luberon et du Verdon et deux communautés de communes des Alpes-de-Haute-Provence ont déposé, en mars 2015, un recours devant le tribunal administratif de Marseille contre l’autorisation d’exploitation de cette centrale à biomasse.

Des études d’impact avaient pourtant conclu que l’objectif de ne consommer que du bois local à partir de 2026 pouvait être atteint car la ressource existe, selon l’Etat, qui encourageait la structuration de la filière bois-forêt. Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) est, en effet, la troisième région forestière avec 1,5 million d’hectares de forêt, soit 9 % de la surface boisée du pays.

« Insuffisance de l’étude d’impact »

Le tribunal administratif de Marseille a jugé jeudi que cette « insuffisance de l’étude d’impact » du projet a « eu pour effet de nuire à l’information complète de la population. » Selon le tribunal, « la structure actuelle de la filière bois-énergie ne permettra pas de répondre aux exigences de fonctionnement de la centrale ». Selon le jugement, le besoin de la centrale à l’horizon 2024 représente « 37 % de la ressource forestière locale disponible ».

Pour les collectivités à l’origine du recours, l’enquête publique conduite à l’été 2012 n’aurait pas dû se limiter aux communes de Gardanne et de sa voisine Meyreuil, mais comprendre aussi celles du bassin d’approvisionnement. L’étude d’impact et l’évaluation Natura 2000 n’ont porté en effet que sur un périmètre de trois kilomètres autour de l’installation, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres, relève le tribunal. L’impact des rotations de camions qui alimenteront la centrale et la pollution atmosphérique (particules fines, dioxines, CO2) ont également été insuffisamment pris en compte, soulignent aussi les juges.