Mardi 6 juin, la nouvelle est tombée, brève, annonçant le départ de Maximilien Durand, directeur depuis 2011 du Musée des tissus et du Musée des arts décoratifs de Lyon. Deux établissements contigus, propriétés de la Chambre de commerce et d’industrie Lyon Métropole (CCI). Un sursaut dans la tourmente qui agite, depuis plus de deux ans, l’institution lyonnaise, fondée en 1864, et menacée de fermeture, faute de financement. La CCI, jugeant qu’elle n’avait plus les moyens de couvrir le budget de fonctionnement, ni l’investissement nécessaire aux travaux pressants, demandait, en vain, à l’Etat et aux collectivités locales, de prendre le relais.

Pièces de l’Egypte pharaonique

« Cette décision est prise d’un commun accord entre la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne à laquelle les musées sont rattachés et Maximilien Durand », indique le communiqué de la chambre de commerce locale. Seul conservateur des musées, le directeur aurait été débarqué sans avoir le temps de saluer ses équipes. L’intérim est assuré par Xavier Pelletier, directeur général de la CCI.

« On a trouvé un terrain d’enten­te avec lui, assure Emmanuel Imberton, président de la chambre. Nous n’étions pas en phase avec ­les derniers scénarios retenus ». Et d’ajouter : « J’ai connu trois premiers ministres, deux présidents de la République et quatre préfets, il faut arriver à une solution finale et trouver une position qui puisse convenir à tout le monde ». A savoir l’Etat, les collectivités territoriales, la ville de Lyon, Lyon Métropole, la région Auvergne-Rhône-Alpes et la CCI Lyon Métropole, propriétaire des lieux.

Logés dans deux hôtels particuliers centenaires du centre-ville, les musées, labellisés « Musées de France », depuis 2002, possèdent l’une des plus belles collections universelles de textile, soit quelque 2,5 millions de pièces, depuis l’Egypte pharaonique jusqu’à nos jours. D’où le succès de la pétition internationale appelant à leur sauvetage, qui a recueilli près de 120 000 signatures. Michel Delpuech, préfet de la région Rhône-Alpes-Auvergne, demandait, en janvier 2016, aux acteurs concernés de s’accorder sur une solution viable pour sauver « la collection d’un niveau exceptionnel au rayonnement international ».

Collections de costumes hitoriques parmi les 2,5 millions de pièces du musée des tissus. | MTMAD Lyon/ Pierre Verrier

Mardi 30 mai, dans Le Progrès, Laurent Wauquiez, président de ­la région, s’est dit prêt à apporter dix millions d’euros au budget d’investissement – la moitié de la somme nécessaire –, puis un million d’euros au budget annuel de fonctionnement, privilégiant le maintien dans les lieux des musées à condition que les collectivités (ville, métropole et Etat) le suivent. Alors « la région deviendrait propriétaire des locaux en assurant leur rénovation et leur gestion », précise Laurent Wauquiez.

Jeudi 1er juin, le cabinet d’expertise In Extenso, mandaté par le comi­té de pilotage du dossier, a rendu ses propositions. Le premier scénario maintient les collections in situ dans « un musée du XXIe siècle plus ouvert, plus connec­té au design, à la création contemporaine et à l’industrie ». Le deuxième rattache les collections textiles au Musée des Confluences et celles des arts décoratifs au Musée des Beaux-Arts de Lyon.

L’un des deux hôtels particuliers qui logent le Musée des tissus et des arts décoratifs | MTMAD Lyon/ Pierre Verrier

La balle est dans le camp de la CCI. Emmanuel Imberton, qui affirmait, en janvier 2016, au Monde, qu’il était prêt à faire « don des deux hôtels particuliers à la nouvelle structure », déclare au­jour­d’hui qu’il « regarde avec une extrême attention l’annonce de la région susceptible de faire bouger les lignes ». La décision est annoncée pour le 5 juillet.