Le palais de Westminister, où siège la Chambre des communes, à Londres, le 9 juin. | MARKUS SCHREIBER / AP

Ce n’est pas la première fois que des élections législatives britanniques aboutissent à un hung Parliament, un « Parlement sans majorité ». C’était le cas en 2010, ce qui avait abouti à un gouvernement de coalition entre le Parti conservateur et le LibDem (démocrates libéraux) après cinq jours de discussions. Mais la configuration politique sortie des urnes jeudi 8 juin apparaît nettement plus complexe.

Dans l’immédiat, la première ministre conservatrice, Theresa May, dont le parti est arrivé en tête avec 319 sièges (selon les estimations de vendredi matin), demeure à Downing Street. Arithmétiquement, elle pourrait tenter d’atteindre la majorité de 326 sièges en s’alliant avec le Parti unioniste démocrate (protestant conservateur) d’Irlande du Nord, qui en a obtenu dix.

Mais Jeremy Corbyn, dont le Labour a obtenu 261 sièges, peut théoriquement négocier avec ses possibles partenaires du Parti national écossais (séparatiste, 32 sièges), du LibDem (11 sièges) et des Verts, pour tenter de former soit une coalition, soit un gouvernement minoritaire soutenu par ces derniers partis. Cette perspective a été exclue par Jeremy Corbyn, mais Emily Thornberry, la ministre des affaires étrangères du cabinet fantôme travailliste, a annoncé que le parti soumettrait à la chambre un programme de gouvernement en espérant rassembler une majorité.

Première réunion du Parlement mardi

La prochaine échéance est fixée au mardi 13 juin, date de la première réunion du nouveau Parlement. L’enjeu, pour les deux grands partis, est de tenter de constituer une majorité capable de voter un programme de gouvernement qui puisse être officialisé par le traditionnel discours de la reine (« Queen’s Speech »), le 19 juin, jour où doivent également débuter les négociations sur le Brexit.

Si un gouvernement minoritaire pouvait être constitué (et non une coalition), il est probable que de nouvelles élections devraient être organisées pour tenter de dégager une nouvelle majorité stable. Ce peut être le cas si les deux tiers des députés le votent (comme cela a été le cas en avril pour le scrutin de jeudi), ou si une motion de défiance est votée et qu’aucun gouvernement ne peut être constitué dans les quatorze jours suivant le vote.

Mais la politique pourrait ébranler les lois et les usages d’une Constitution non écrite. L’insistance de Theresa May à justifier les élections anticipées de jeudi par la nécessité de renforcer sa majorité met crûment en lumière son échec.