Professeur d’histoire politique à l’université de Birmingham, Matthew Robert Cole décrypte les bons résultats du Labour dans la deuxième ville d’Angleterre et sa région.

D’après les sondages, le Labour semblait menacé dans plusieurs circonscriptions de Birmingham, mais tous les sièges de la ville sont finalement restés travaillistes à l’issue du scrutin du 8 juin. Le parti y a même progressé par rapport à 2015, comment l’expliquer ?

La bonne performance du Labour à Birmingham s’explique largement par l’attachement des électeurs aux services publics, à la fois en tant que bénéficiaires mais aussi comme fonctionnaires (la ville compte l’un des plus hauts taux d’emplois publics du pays). Le programme de Jeremy Corbyn [leader du Parti travailliste], largement axé autour d’un plan d’investissements publics, a donc convaincu, neutralisant en partie « l’effet Brexit » qu’aurait pu prendre ce vote.

Dans les anciennes zones industrialisées du « pays noir » [au nord-ouest de la ville de Birmingham], par exemple, les résultats n’ont pas été aussi bons pour les travaillistes.

Dans les régions des Midlands de l’Est et de l’Ouest, le Parti travailliste a réussi à récupérer des sièges repris par les conservateurs il y a quelques années. Est-ce une surprise ?

A l’est, la circonscription de Derby North était une vraie cible pour le Labour – la deuxième plus serrée du pays à l’issue des élections de 2015. Ce n’était pas le cas de celle de Warwick and Leamington, située à l’ouest : le Parti travailliste l’avait listée en 78e position des sièges à viser.

Il y a deux explications à cette victoire travailliste dans cette circonscription : l’importante population étudiante due à la présence de l’université de Warwick, et la nette victoire du « Remain » l’an dernier lors du référendum sur la sortie de l’UE, le district des Midlands de l’Ouest étant le seul à avoir voté pour que le pays reste européen. Le député conservateur sortant Chris White, initialement contre le Brexit, a été discrédité en se rangeant du côté de Theresa May après le référendum.

Pensez-vous que les résultats de ces législatives puissent être reliés à ceux du référendum sur le Brexit ?

Theresa May a clairement tenté de placer la question du Brexit au centre de cette campagne législative. Dans l’ancien « pays noir » et dans le bastion pro-Brexit de Stoke-on-Trent, deux endroits où les conservateurs ont remporté les sièges, cela à conduit l’électorat de l’UKIP (parti anti européen) à se tourner vers les tories.

Dans les grandes villes comme Conventry ou Birmingham, cependant, le Labour a récupéré la plupart des électeurs de l’UKIP grâce à son programme tourné vers le national (santé, éducation et aide aux personnes âgées).