Emmanuel Macron visite les étudiants du lycée agricole de Verneuil-sur-Vienne, le 9 juin. | POOL / REUTERS

Savoir descendre de l’Olympe. A deux jours du premier tour des élections législatives, qui s’annoncent très favorables à La République en marche, Emmanuel Macron a envoyé plusieurs cartes postales aux Français, en s’efforçant de se montrer en empathie et proche de leurs préoccupations. Une manière de se rappeler à leur bon souvenir, après une séquence internationale très dense, notamment marquée par ses deux rencontres avec les présidents américain et russe, Donald Trump et Vladimir Poutine. « La grandeur de la France à l’étranger, c’est bien, mais il ne faut pas oublier les Français », met en garde l’un de ses conseils.

Le chef de l’Etat a commencé la journée, vendredi 9 juin, par une visite du standard de l’Elysée, filmée et savamment relayée en direct sur les réseaux sociaux. M. Macron a lui-même pris plusieurs appels téléphoniques, souhaitant un bon anniversaire à un lycéen et l’encourageant pour son bac ou expliquant à un couple de retraités qu’ils sortiraient « gagnants » de la hausse de la CSG, combinée à la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages. « Ca râle beaucoup ? », a-t-il demandé aux standardistes. « Vous devez en entendre ! C’est un bon baromètre ».

Main mise sur la communication

Alors que la nouvelle équipe répète qu’il n’est plus question de montrer les coulisses de l’Elysée, pratique qu’avait quasi industrialisée M. Hollande, par souci de transparence mais aussi d’auto-promotion, M. Macron a multiplié les entorses à la règle qu’il s’est lui-même fixé depuis sa prise de fonction. Mais s’il a déjà donné des accès privilégiés à certains journalistes, cet adepte d’une communication de fer préfère encore garder la maîtrise du produit final, en organisant lui-même le spectacle, sans intermédiaires. Sa petite virée au standard du palais, savamment mise en scène, a d’ailleurs suscité un déluge de commentaires extatiques de la part d’internautes émerveillés devant autant de « naturel » et « d’empathie ».

M. Macron a enchaîné avec un déplacement dans le Limousin, au chevet du monde rural, qu’il a tenté de rassurer avant le scrutin des 11 et 18 juin. Il a promis des « états généraux de l’alimentation » pour juillet et répété que les « paysans » devaient vivre du produit de leur travail, l’un de ses leitmotivs de campagne. Derrière le même pupitre tricolore, inspiré de celui de François Mitterrand, le président en a profité pour défendre devant les lycéens et les enseignants du lycée agricole à Limoges-Les Vaseix, qu’il a visité, sa conception d’une présidence à la fois « verticale » et « simple ».

« Je ne veux pas que le président soit distant, je veux que la fonction soit respectée, c’est différent », a-t-il argué, prenant volontiers les questions du public, alors qu’il avait refusé peu avant de répondre à un journaliste sur la présence de François Bayrou au gouvernement, alors que le MoDem fait l’objet d’une enquête préliminaire sur ses assistants parlementaires européens. « Quand je viens sur un sujet que j’ai choisi, je parle du sujet que j’ai choisi. Je ne fais pas des commentaires d’actualité », a-t-il répliqué.

Accueil sous les huées

D’une carte postale, l’autre : après le monde rural, l’industrie en difficulté. M. Macron a terminé cette dernière journée de campagne - qui ne disait pas son nom - sur une rencontre à la sous-préfecture de Bellac (Haute-Vienne) avec des salariés de GM&S, l’équipementier automobile creusois menacé de liquidation. Le président s’est fait accueillir par des huées et des sifflets par une petite troupe de syndicalistes en colère. Mais comme il l’avait fait à Amiens en rencontrant des syndicalistes de Whirlpool, M. Macron a été physiquement au contact, se défendant de faire du « tout médiatique », avec l’aide d’une armée de « communicants », comme lui a reproché une salariée. « J’aurais pu vous laisser derrière des grillages, je ne l’ai pas fait (...) je ne me suis jamais caché », a-t-il insisté au cours d’un échange musclé, comme l’un de ceux que Nicolas Sarkozy, en son temps, recherchait.

« Je ne suis pas le père Noël », a-t-il toutefois lâché, alors que cette même salariée lui demandait du « concret » pour « sauver » l’entreprise en difficulté. « Je vous promets qu’on fera le maximum », a-t-il ajouté, en annonçant une « cellule de crise » pour travailler aux conditions de la reprise.

M. Macron devait ensuite dîner avec des élus du département, à la préfecture de Limoges, où il devait passer la nuit, avant de se rendre samedi 10 juin à Oradour-sur-Glane pour un hommage au village martyr.