La chancelière allemande Angela Merkel attend l’arrivée du président sud-africain, Jacob Zuma à Berlin, en novembre 2015. | MICHAEL SOHN / AP

Le chancelière allemande reçoit, lundi 12 et mardi 13 juin à Berlin, nombre de dirigeants africains, l’Allemagne voulant saisir l’opportunité de sa présidence du G20 pour attirer les investissements vers l’Afrique, étape qu’elle présente comme nécessaire pour réduire les migrations vers l’Europe. « L’objectif est de renforcer la coopération pour un développement économique durable des Etats africains », a expliqué une porte-parole de la chancelière.

Déjà en mars, lors d’un sommet du G20 finances, les grands argentiers des principales économies du monde avaient convié leurs homologues de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de Tunisie à se joindre à eux pour mettre sur pied ce partenariat baptisé « Compact with Africa ».

Cette fois, à moins d’un mois du G20 de Hambourg et dans une démarche qui se veut ouverte « à tous les pays africains », seront également présents à Berlin, pour les deux jours de conférence, les dirigeants du Ghana, d’Ethiopie, du Niger, d’Egypte ou encore du Mali, aux côtés des institutions financières internationales censées apporter un soutien technique aux Etats pour leurs réformes.

« Nous devons créer au sud du Sahara les conditions pour que les gens puissent y évoluer, se former et générer de la valeur pour eux et leur famille », a plaidé la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, dans le quotidien Handelsblatt. Car seul un pays du continent, l’Afrique du Sud, fait partie du G20. Et jusqu’à présent le développement économique africain n’avait jamais vraiment été à l’agenda des principales économies mondiales.

Pas de plan d’aide

Cette priorité Afrique voulue par Mme Merkel ne se traduira pas par un plan d’aide avec argent sonnant et trébuchant à la clé. Il s’agit, avant tout, de constituer « une opportunité d’attirer les investissements, les bénéfices et les emplois », selon un responsable du ministère allemand des finances, qui estime que le soutien politique du G20 peut permettre de rendre ces pays plus attrayants pour les financements privés. Plus d’une centaine d’investisseurs sont attendus lundi et mardi à Berlin.

Si la question des dizaines de milliers de migrants prenant la direction de l’Europe pour fuir pauvreté et conflits n’est pas évoquée en première ligne, elle est cependant centrale pour l’Allemagne, qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile ces dernières années, essentiellement de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.

La question est d’autant plus pressante que l’Union européenne ne semble pas, jusqu’ici, en mesure de stopper l’afflux des migrants, pour beaucoup subsahariens, qui rejoignent les côtes italiennes depuis l’instable Libye.

Pour Angela Merkel, le point central pour espérer endiguer ces flux est de s’attaquer aux causes de la migration en offrant des perspectives aux populations dans leurs pays. « Le développement économique doit suivre le rythme d’une croissance rapide et s’accélérant de la population pour créer un futur convenable aux jeunes et ainsi réduire la pression migratoire », a relevé la porte-parole de la chancelière.

Selon le dernier rapport de l’ONG One, d’ici à cinquante ans le continent africain comptera plus de jeunes que tous les pays du G20 réunis.