Des forages de pétrole de Chevron à Bakersfield (Californie), le 21 novembre 2016. | FREDERIC J. BROWN / AFP

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sont au moins d’accord sur un point, dans leurs rapports mensuels publiés respectivement mardi 13 et mercredi 14 juin : le marché pétrolier se rééquilibrera plus tard que prévu. Le prix du brent de la mer du Nord, la référence mondiale, devrait donc osciller encore de longs mois autour de 50 dollars le baril.

Même si la consommation de brut reste soutenue, les stocks se réduisent lentement et le redressement de la production en Libye et au Nigeria ces dernières semaines efface en partie l’effort de réduction de l’OPEP (– 1,2 million de barils par jour) prolongé jusqu’en mars 2018 lors de la réunion du cartel, fin mai, à Vienne.

Les stocks de pétrole brut ont reculé moins fortement que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l’Energie (DoE), entraînant une chute des cours de l’or noir américain à 45 dollars le baril.
Les réserves se sont certes repliées de 1,7 million de barils, mais moins que les 2,4 millions attendus par les experts du panel Bloomberg.

« Rythme plus lent »

La production reste, elle, soutenue. Dans son rapport de mai, l’OPEP constate que la production de la Libye et du Nigeria, deux de ses membres exemptés de réduction en raison des crises qu’ils traversent, a ajouté plus de 350 000 barils sur un marché déjà engorgé. Au total, la production mondiale a atteint 95,74 millions de barils par jour, soit 1,48 million de plus qu’en avril 2016.

Du coup, le « rééquilibrage » du marché se fait « à un rythme plus lent » que prévu, reconnaissent ses experts. L’OPEP souhaite que les stocks commerciaux de l’OCDE reviennent dans la moyenne des cinq dernières années. On en est encore loin. Ils ont progressé de 18,6 millions de barils en avril pour atteindre 3,045 milliards de barils.

« Sur la base de nos prévisions actuelles pour 2017 et 2018 et si les pays de l’OPEP continuent de respecter leur accord de production, les stocks pourraient ne pas retomber au niveau désiré avant d’arriver presque au terme de l’accord en mars 2018 », prévient l’AIE.

Le pétrole de schiste redevient rentable

Depuis six mois, les efforts des pays de l’OPEP, Arabie saoudite en tête, et dans une moindre mesure de la Russie (non-OPEP) pour réduire leur production sont minés par la reprise de la production des compagnies opérant aux Etats-Unis, qui ne sont limitées par aucun quota.

Elles n’obéissent qu’aux lois du marché et réagissent au signal prix. Or à 50 dollars le baril, le pétrole de schiste (shale oil) est devenu rentable dans de nombreux bassins pétrolifères, comme ceux de l’ouest du Texas. D’autant que le président américain, Donald Trump, fait tout pour encourager la production nationale en promettant des baisses de taxes et la suppression de nombreuses règles en faveur de l’environnement décidées sous le mandat de Barack Obama.

Dans son rapport mensuel, l’AIE prévoit que les pays non-membres de l’OPEP – à commencer par les Etats-Unis – amplifieront en 2018 une production déjà en croissance. La hausse totale de l’offre sera supérieure à celle de la demande (+ 1,4 million de barils par jour), indique l’agence basée à Paris, qui défend les intérêts des grands pays consommateurs.

Les non-OPEP pomperaient ainsi 1,5 million de barils par jour de plus l’an prochain, portant leur production à 59,7 millions. A eux seuls, les Américains produiront chaque jour plus de 1 million de barils supplémentaires. Soit 14,1 millions, si l’on ajoute le pétrole brut et tous les condensats.