Des éleveurs bloquent les accès de la cooperative  Sodiaal, au Mans, le 13 juin. | JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

C’était une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron. Le président de la République l’a confirmé vendredi 9 juin, à la veille du premier tour des législatives. Les Etats généraux de l’alimentation placés sous le signe du « partage de la valeur ajoutée entre agriculteurs, industrie agroalimentaire et distribution » commenceront début juillet.

Un calendrier qui n’a pas échappé aux éleveurs laitiers. Mardi 13 juin, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), branche spécialisée du syndicat agricole FNSEA associée aux Jeunes agriculteurs (JA), a multiplié les actions pour faire entendre leur revendication : une hausse du prix du lait. Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, le rappelait dans une tribune publiée à l’intention du nouveau gouvernement il y a un mois : « Sur les 65 000 éleveurs laitiers français, un tiers gagne moins de 350 euros par mois. » Il demande aujourd’hui un prix du lait de 340 euros la tonne, sachant que ce dernier a été de 310 euros au premier trimestre et 300 euros au deuxième.

M. Roquefeuil, accompagné d’une délégation de la FNPL, a été reçu mardi par le ministre de l’agriculture, Jacques Mézard. Celui-ci a estimé que la demande de revalorisation du prix du lait « était légitime ». Les arguments avancés par les agriculteurs pour justifier leur demande sont l’explosion des cours internationaux du beurre qui ont plus que doublé et une légère amélioration de ceux de la poudre de lait, toujours plombés par les stocks européens.

Le choix de la valeur plutôt que du volume

M. Mézard a affirmé qu’il allait demander au médiateur des relations commerciales de prendre contact avec toutes les enseignes de la grande distribution pour qu’elles tiennent compte de cette conjoncture dans les négociations en cours. Sachant que le prix des produits sous marque de distributeur se discute actuellement.

Plus tôt dans l’après-midi, M. Roquefeuil avait obtenu le soutien médiatique du patron de la chaîne de supermarchés Système U, Serge Papin. Ils ont demandé de concert aux pouvoirs publics de modifier la loi LME qui régit les règles commerciales entre les industriels et la distribution, pour que le rapport de force ne joue pas au détriment des producteurs.

Les éleveurs ont aussi sorti les tracteurs dans l’ouest de la France mardi. Contrairement à l’été 2016 où Lactalis était en ligne de mire, la cible était cette fois les coopératives. La première d’entre elles, Sodiaal, a annoncé un prix de 310 euros la tonne en juin, puis 330 en juillet et août. A l’occasion de son assemblée générale mercredi 14 juin, elle a dévoilé un chiffre d’affaires de 4,8 milliards d’euros pour 2016 contre 5 milliards de 2015. Ce qui prouve la difficulté de la coopérative à valoriser ses produits. « Nous souhaitons faire le choix de la valeur plutôt que du volume », affirme Damien Lacombe, président de Sodiaal qui se refuse à s’engager sur un prix du lait sur l’ensemble de 2017 mais souligne que le résultat net de 25 millions d’euros sera redistribué aux adhérents.