Présentation, le 1er juin à Delft aux Pays-Bas, d’un module du futur train à grande vitesse de la société Hyperloop, soutenue par le fonds Hardware Club. | Mike Corder / AP

Comment séduire les plus belles start-up quand on est un petit fonds français concurrencé par des géants américains ? Pour répondre à cette épineuse question, Alexis Houssou et Barbara Belvisi ont tenté un chemin de traverse en créant le Hardware Club, un fonds hybride à mi-chemin entre la société d’investissement et la pouponnière à start-up, qui a annoncé jeudi 15 juin une levée de fonds de 25 millions d’euros auprès de Crédit Mutuel Arkea et de BPIFrance. « Le modèle que nous avons conçu nous donne un avantage compétitif par rapport à d’autres fonds », veut croire Alexis Houssou, un ancien gestionnaire de fonds chez BNP Paribas.

Principale différence avec un investisseur classique, le Hardware Club, créé en janvier 2015, commence par aider les start-up à se développer avant d’investir dans leur capital. En deux ans, 300 start-up sélectionnées parmi 3 500 candidates ont rejoint le Hardware Club. Elles ont la particularité d’être spécialisées dans le « hardware », autrement dit dans la fabrication d’objets (électronique, robots, objets connectés etc.), un domaine longtemps boudé par les investisseurs, qui le jugeaient trop ingrat, en raison de barrières à l’entrée élevées et des guerres des prix qui laminaient rapidement les marges.

Alexis Houssou veut croire que cette époque est révolue. « L’explosion du smartphone a permis de standardiser le prix des composants. C’est pourquoi il est aujourd’hui possible de créer des objets à bas coûts », explique le fondateur.

Plusieurs jeunes pousses médiatiques font partie du Hardware Club, à l’image de l’Américain Hyperloop, qui travaille sur un train à grande vitesse, de Misfit, un concepteur de trackeur d’activité physique qui avait levé plus de 60 millions de dollars et qui a été racheté il y deux ans par Fossil pour 260 millions de dollars, ou de Whistle, fabricant de collier connecté pour chien racheté 117 millions de dollars par Mars Distribution.

Un accompagnement dans la fabrication et la distribution

Pourquoi ont-elles jugé nécessaire de rejoindre ces Français ? « Nos membres travaillent ensemble. Hyperloop cherchait par exemple une caméra 360 degrés HD révolutionnaire, je les ai mis en contact avec Sphericam », illustre Alexis Houssou, qui met maintenant tous ses espoirs dans Keecker, un robot vidéo mobile pour la maison, capable de rétroprojeter sur n’importe quel mur de la maison un film ou d’aller vérifier s’il n’y a pas eu d’intrusion.

Hardware Club promet surtout à ses membres de les accompagner dans la fabrication et la distribution. En effet, en amont, trouver un fabricant quand l’on est une start-up inconnue est souvent un épineux problème. Hardware Club a ainsi noué un partenariat avec Foxconn, « qui travaille peu en général avec des start-up », dit le cofondateur.

En aval, la société française aide ses membres à placer leurs produits dans la distribution, grâce à des partenariats conclus avec les magasins Harrods à Londres, Amazon ou la Fnac. Le Hardware Club a des contacts avec Apple, grâce à Pascal Cagni, ancien patron d’Apple Europe, devenu l’un de ses investisseurs. Mais les conditions pour entrer dans un Apple Store sont drastiques et coûteuses, la firme à la Pomme prélevant une marge de distribution importante.

Jusque là, Hardware Club dispensait ses conseils et ses contacts gracieusement, l’essentiel étant d’attirer à elle de jeunes pousses prometteuses. Pour entrer dans ses frais, elle va maintenant investir dans 10 à 15 start-up chaque année. A ses côtés, le Crédit Mutuel Arkea, également présent dans d’autres fonds français dédiés aux start-up comme Isai, dont le président Jean-David Chamboredon, avait lancé le mouvement des Pigeons, ou Daphni monté par Marie Ekeland, mise sur le Hardware Club pour dénicher les pépites qui lui permettront d’anticiper les transformations du métier d’assureur.

« Les usages changent, et l’assurance se dirige de plus en plus vers la prévention », explique Anne Laure Naveos, la directrice de la croissance externe et des partenariats stratégiques, qui recherche chez Hardware Club les objets connectés pour la maison ou les bracelets connectés qui permettront de cerner ou de prévenir les dangers.