Après des mois de désaccords et des retards à répétition, les créanciers de la Grèce, zone euro et Fonds monétaire international (FMI), espèrent s’entendre lors de la réunion de l’Eurogroupe, jeudi 15 juin à Luxembourg, sur le versement d’argent frais à Athènes, qui écarterait le risque d’une nouvelle crise.

Les discussions entre les 19 ministres des finances des pays ayant adopté la monnaie unique et en présence de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, s’annoncent longues et difficiles.

La Grèce a besoin de 7 milliards d’euros

Athènes a besoin d’au moins 7 milliards d’euros de la part de ses créanciers pour rembourser la Banque centrale européenne (BCE) en juillet, mais l’argent devrait être décaissé dans les temps. Pour autant, les Européens risquent de rater, une nouvelle fois, l’occasion d’en finir avec le « problème » hellène. De donner des perspectives de sortie de crise à Athènes, de montrer, enfin, le bout du tunnel aux Grecs, après sept années d’austérité.

A la veille de cette rencontre, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a plaidé dans une tribune pour un réaménagement de la dette de son pays. Le gouvernement Tsipras espère repartir de Luxembourg avec un engagement précis sur les allégements de cette dette (encore 180 % du produit intérieur brut) devant intervenir à partir de la fin du troisième plan d’aide au pays, mi-2018. Allongements des « maturités » (étalement jusqu’à la fin du remboursement) jusqu’en 2070, plafonnement des taux de remboursement à 1,5 %…

Il compte sur ces promesses pour convaincre le FMI de participer au plan d’aide grec (le Fonds conditionne sa présence aux allégements substantiels de la dette). Cette participation enverrait un signal clair aux marchés financiers : la Grèce est de nouveau sur les rails, il est temps d’y réinvestir.

L’option d’un compromis tient la corde

Ces derniers jours pourtant, c’est plutôt l’option d’un compromis qui tenait la corde : le FMI a proposé une participation au plan d’aide « en principe ». Ses prêts ne seraient effectivement débloqués que lorsque les Européens se seront mis d’accord sur les allégements de la dette. Pas avant les élections fédérales allemandes, fin septembre, ce qui permettra à M. Schäuble d’éviter durant la campagne d’aborder frontalement ce sujet, toujours très impopulaire en Allemagne.

Certains n’excluaient pas totalement, ces derniers jours, un scénario de sortie de l’Eurozone de la « crise grecque ». « Après tout, les Allemands ont déjà un peu reculé par rapport à une position intransigeante sur la dette », relève une source bruxelloise.