La première ministre polonaise, Beata Szydlo, en février. | Alik Keplicz / AP

« Dans notre époque trouble, Auschwitz est une grande leçon qu’il faut tout faire pour défendre la sécurité et la vie de ses citoyens. » Les déclarations de la première ministre polonaise Beata Szydlo (Droit et justice, national conservateur), mercredi 14 juin, lors des commémorations du 77e anniversaire du premier transport de prisonniers dans le camp de concentration et d’extermination nazi ont choqué.

Plusieurs personnalités politiques polonaises, dont le président du Conseil européen Donald Tusk, y ont vu la défense de la position anti-migratoire du gouvernement conservateur. « De telles paroles ne devraient jamais être prononcées à cet endroit par un premier ministre », s’est indigné M. Tusk sur son compte Twitter.

« La première ministre a exploité la cruauté d’Auschwitz pour que les Polonais aient peur des réfugiés », a estimé, de son côté, Katarzyna Lubnauer, présidente du groupe parlementaire Nowoczesna (libéral, opposition). Le président de l’association chrétienne des familles d’Auschwitz, Krzysztof Utkowski a estimé, quant à lui, que les paroles de Mme Szydlo étaient « une grosse gaffe ».

Le porte-parole du gouvernement Rafal Bochenek s’est borné à déclarer sur Twitter : « Celui qui a de mauvaises intentions peut les trouver dans chaque déclaration. » Il a proposé aux critiques l’intégralité du discours de Mme Szydlo dans lequel elle rend hommage aux victimes d’Auschwitz et à l’héroïsme des Polonais.

Procédures d’infraction

Après de vaines mises en gardes, Bruxelles a lancé mardi des procédures d’infraction contre la Pologne, la Hongrie, et la République tchèque, pour leur refus obstiné d’accueillir des demandeurs d’asile depuis l’Italie et la Grèce.

Ces procédures légales sont lancées après des mois de pression de la Commission sur ces trois pays, opposants déterminés aux « relocalisations » adoptées par l’Union européenne en septembre 2015, pour soulager l’énorme pression pesant sur Rome et Athènes face à la crise migratoire.

Entre 1940 et début 1945, l’Allemagne nazie a exterminé à Auschwitz-Birkenau environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs originaires de différents pays européens. Ce camp, où quelque 80 000 Polonais non juifs, 25 000 Roms et 20 000 soldats soviétiques ont également trouvé la mort, a été libéré par l’Armée Rouge en janvier 1945.