Alexandre Guirkinger

C’est presque par hasard que le Français Alexandre Guirkinger, 37 ans, est tombé dans le chaudron de la photographie. Il a alors 23 ans et voyage en Asie centrale. « C’est plus l’appétit de vie que le médium lui-même qui m’a conduit vers la photographie. Cette façon d’être au monde, en observateur-poète, en retrait… », raconte l’ancien étudiant de Sciences Po. L’intuition est son maître mot : on avance en marchant, on prend des photos et on conceptualise après.

Outre les grands documentaristes comme Walker Evans, ses référents sont des photographes conceptuels tels Jeff Wall ou Wolfgang Tillmans (à qui M ouvre actuellement sa « Carte blanche »). Sans oublier Jean-Luc Moulène, dont il retient la notion de « disjonction », autrement dit sortir une fraction d’un temps continu.

Exclusivement en argentique

Guirkinger manie exclusivement l’argentique, composant avec son régime de contrainte, la rareté de la pellicule, le risque de l’échec. Mais ce « raconteur d’histoires » croit aussi au hasard miraculeux, à l’attention portée au tirage et, surtout, à la confrontation d’une image avec d’autres. Son sens de la narration, il l’a déployé dans une série autour de la ligne Maginot, révélée en 2016 aux Rencontres d’Arles.

Pendant dix ans, le photographe a arpenté ce rempart de milliers de bunkers, monstres de béton et symboles de la défaite française lors de la seconde guerre mondiale. Pour ce numéro 300 de M, il a suivi quatre candidats aux élections législatives françaises novices en politique. « Ils sont tout sauf spectaculaires et peuvent se retrouver seuls dans un marché, sans médias. »