« La France n’est pas minable ». La banderole noire a été déployée à l’entrée de l’Ecole des mines, sise en bordure du jardin du Luxembourg, à Paris, qui accueillait, jeudi 15 juin, la quatrième édition des journées « Mines en France », présentées comme un « forum d’échanges fructueux entre l’industrie, l’université et les administrations » pour « accompagner le renouveau minier français ». Un personnage inquiétant, casque de chantier noir sur la tête et cape de même couleur frappée « Vampiriscan » sur le dos, rôde autour d’une carte de France où figurent les onze permis de recherches minières accordés ces dernières années par l’Etat, dont sept à la société Variscan.

« C’est une minorité très agissante qui ne veut pas de mines en France. C’est tout », a dit au Monde Jack Testard, le président de Variscan, filiale française de Variscan Mines Limited, firme aux capitaux étrangers cotée en Bourse en Australie, le paradis des compagnies minières. Mais ce n’est pas tout. A force de se mobiliser, « la minorité très agissante » a réussi à ce que le dossier des mines atterrisse sur le bureau de l’Elysée.

Emmanuel Macron doit recevoir, mercredi 21 juin, une délégation bretonne pour évoquer les trois permis exclusifs (à Merléac et Loc-Envel, dans les Côtes-d’Armor, et Silfiac, dans le Morbihan) délivrés à Variscan pour rechercher du cuivre, du zinc, du plomb, de l’or ou encore de l’argent. Des permis que le président connaît bien puisque c’est lui qui les avait signés lorsqu’il était ministre de l’économie.

Fronde

Aiguillonnés par l’association Vigil’oust, qui mène la fronde contre le permis de Merléac, tous les candidats aux législatives de la 3e circonscription des Côtes-d’Armor avaient écrit le 1er juin au ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, et à son homologue à l’économie, Bruno Le Maire, pour réclamer « l’abrogation » du titre accordé par M. Macron. A quelques jours du second tour face au député sortant Marc Le Fur (LR), le candidat LRM, Olivier Allain, s’est empressé de faire savoir qu’il avait obtenu ce rendez-vous à l’Elysée.

Au départ favorable au projet de Variscan, le vice-président du conseil régional de Bretagne avait annoncé un peu vite, mardi 13 juin, « l’arrêt définitif » des recherches minières en Bretagne. « A la demande de la région, Variscan suspend ses recherches minières et participera à une réunion au ministère », a rectifié Jack Testard, jeudi, à l’Ecole des mines, refusant de se « justifier sur le pourquoi ».

Selon nos informations, la réunion est prévue au ministère de l’économie à une date encore indéterminée. Le directeur de la société basée à Orléans, Michel Bonnemaison, avait indiqué au Monde (daté du 1er juin) qu’il souhaitait « ralentir » et laisser passer les élections mais qu’il n’abandonnerait pas le projet.

Les associations ne croient pas non plus que Variscan jettera l’éponge. Vigil’oust, qui a été conviée par Olivier Allain à se joindre à la réunion à l’Elysée devait décider vendredi soir des conditions d’une éventuelle participation. « La région parle d’un moratoire alors que nous demandons l’abrogation », précise l’une de leur porte-parole, Lucie Guillo. Nicolas Hulot, qui a adressé un message de soutien au candidat LRM, souhaite « une étude indépendante » et se dit « sensibilisé aux difficultés posées par les permis de Merléac ».

« Hulot confond le permis de Merléac et les permis bretons, relève Nicolas Hervé (EELV) qui avait été à l’origine de la lettre ouverte des candidats de la 3circonscription des Côtes-d’Armor. Cela montre qu’il ne connaît pas le dossier. » Le ministre n’a en tout cas pas été convié à la réunion de l’Elysée ni à celle avec Variscan.