Bienvenue à Galaswinda | DR

Ras le bol de voir toujours les mêmes tronches. Ouste, les vieux de la vieille, ceux que l’on a tellement vus à la télé qu’on croirait des membres poussiéreux de la famille. Dehors, le vieux monde, place aux jeunes gens pleins d’avenir.

C’est sans doute cela qu’ont voulu dire les Français dimanche 11 juin, au soir du premier tour des législatives. A une petite incohérence près, puisqu’ils ont davantage regardé Les Bronzés, diffusé sur TF1 à partir de 21 h 15, que la soirée électorale sur France 2 : 3,9 millions de téléspectateurs, darladirladada, contre seulement 2,7 millions à partir de 21 h 25 pour une NKM pourtant très en verve sur le service public.

Conservatisme du slibard

On peut bien sûr rapprocher ce piètre résultat d’audience de celui, historique, de l’abstention. Mais ce serait négliger un autre phénomène moins visible, que je qualifierais de conservatisme du ­slibard, ou de dégagisme sélectif, au choix.

Nos pauvres représentants politiques, non contents d’être emportés par un « tsunami » (que disent les correcteurs du Monde de ce mot très en vague, pardon en vogue ?), ont en effet dû assister au spectacle de la troupe du Splendid se baignant pour la 250 000e fois dans les eaux d’Assinie (Côte d’Ivoire) sans que personne n’y trouve à redire. Pourtant, ce soir-là, les pires cumulards étaient plutôt ceux qui font bronzette sur la plage du Club Med depuis quarante ans que ceux qui se font maquiller sur les plateaux en répétant leurs éléments de langage. C’est à en perdre son latin.

Cambadélis vs Jean-Claude Dusse

Jean-Claude Dus­se, alias Michel Blanc, 65 ans, environ 80 films au compteur, répétait impunément qu’« on sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher », tandis que Jean-Christophe Cambadélis, 65 ans lui aussi, premier secrétaire du PS, élu député pour la première fois en 1988, faisait l’amère expérience que sur un malentendu, ça ne marche pas toujours : 8,60 % des voix dans sa circonscription parisienne, derrière La République en marche (38,08 %), La France insoumise (20,84 %) et EELV (10,65 %).

Aurélie Filippetti, éliminée à Metz avec 13,14 % des voix, déclarait avec solennité que « c’est évidemment une grande déception, et en même temps c’est difficile de lutter contre une vague », pendant que, sur TF1, notre équipe de frais gaillards barbotait tranquillement en moule-bite – déjà ringard à la sortie du film, en 1978 – pour la plus grande joie des téléspectateurs communiant autour des fondements mêmes de notre nation : du soleil, des nanas, Galaswinda, Christian Clavier et Gérard Jugnot.

Le constat est sévère. Les Bronzés, on les aime comme au premier jour, alors que nos députés, on peut plus les blairer. Dimanche 18 juin, au soir du second tour, TF1 a prévu de diffuser Les Bronzés 3. Amis pour la vie, sorti en 2006. Un défi pour nos futurs apprentis députés : battre un nanar plein de vieux sur le retour.