Association déconcertante, se dit-on. Pierre Tal Coat (1905-1985) était un peintre dont l’itinéraire est allé d’un expressionnisme brutal dans les années 1930 à une abstraction de plus en plus épurée à partir des années 1950, jusqu’à s’approcher du monochrome parfois. Toni Grand (1935-2005) était un sculpteur, découpant et lissant le bois, enfermant des poissons dans la résine, tirant parti de la forme accidentelle des pierres et de celle, plus régulière, des os. Ils sont donc de générations différentes et leurs références artistiques n’étaient pas non plus les mêmes.

Leurs œuvres s’entendent cependant parfaitement. Quand Toni Grand fait percevoir la croissance de l’arbre comme de l’intérieur, en suivant le fil du bois, Tal Coat capte dans la matière picturale la lumière sur les feuillages, l’humidité de la terre et sa densité, le grain du calcaire. Tous deux ont donc, dans les travaux qui sont réunis ici, le même sujet, la nature. Ce sont des paysagistes, mais, au lieu de regarder de loin la campagne, ils s’y enfoncent. Les montrer ensemble, c’est donc à la fois les remettre au présent – un présent si vite oublieux d’ordinaire – et les faire sortir des classements historiques conventionnels.

« L’état de nature : Toni Grand, Pierre Tal Coat », galerie Christophe Gaillard, 5 rue Chapon, Paris 3e. Tél. : 01-42-72-49-16. Du mardi au vendredi de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 19 heures, samedi de 12 heures à 19 heures. Jusqu’au 29 juillet.